Le Suisse Roger Federer, N.1 mondial, et les soeurs Venus et Serena Williams, les N.2 et 3 mondiales qui font parfois comme si Dinara Safina (N.1) n'existait pas, espèrent passer la sixième, à partir de lundi à l'US Open, le dernier tournoi du Grand Chelem de la saison.

Federer vise un sixième sacre consécutif alors que les «sisters» Williams porteraient le total familial à six en cas de victoire de l'une d'elles (Serena, tenante du titre, compte trois succès à New York, Venus deux).

Quel changement d'ambiance à New York pour Federer! Il y a un an, le Suisse arrivait en bête blessée, tout juste relégué au 2e rang mondial par Rafael Nadal, en pleine crise de confiance et de résultats. Certains observateurs évoquaient déjà le crépuscule d'une magnifique carrière. Mais le Suisse parvint à inverser la tendance, remportant une cinquième couronne consécutive contre Andy Murray.

Un an plus tard, Federer surfe sur la vague d'un «été merveilleux», ponctué d'un premier Roland-Garros, d'une 6e victoire à Wimbledon, qui lui a offert le record de 15 titres en Grand chelem, et d'un succès à Cincinnati sur dur. Sur les courts, le Suisse a gagné quatre des cinq derniers tournois qu'il a joués.

Hors des courts, la naissance de ses jumelles Myla et Charlene, fin juillet, n'a pas vraiment altéré son agenda de joueur pro et toute la famille l'a suivi en Amérique du nord.

«Je me suis très bien entraîné pendant la période de l'accouchement, cela a contribué à me libérer l'esprit, confiait-il récemment. Ca aide d'être heureux dans sa vie personnelle.»

Côté tennis, la voie est assez dégagée dans sa moitié de tableau par rapport à l'autre moitié, embouteillée par la présence d'Andy Murray (N.2), de Rafael Nadal (N.3) et de l'Argentin Juan Manuel Del Potro (N.6), qui a le profil parfait de l'invité surprise à la fête new yorkaise.

Murray, le grand rival

Plus que Nadal, le principal rival du Suisse devrait être l'Écossais Murray, qui dit avoir beaucoup appris depuis sa finale perdue en 2008.

Devenu 2e mondial à la faveur des deux mois d'absence de Nadal (problèmes aux genoux), le Britannique se sent bien sous les lumières artificielles à New York et sort d'une bonne tournée nord-américaine (victoire à Montréal et demi-finale perdue à Cincinnati face à Federer).

Et Nadal, qui a laissé percer des limites physiques à Montréal (quart de finale) et Cincinnati (demi-finales)? Federer ne l'exclut pas du grand jeu: «Rafa est peut-être un peu moins fort et moins favori avant ce tournoi qu'il ne l'était l'an dernier mais ce n'est pas forcément un désavantage et je pense qu'il sera dur à battre ici s'il arrive à trouver son rythme».

C'est la première fois depuis cinq ans que le Majorquin n'entame pas la dernière levée du Grand Chelem de la saison - la seule qui manque encore à son palmarès - en dehors du duo de tête mondial.

Une certaine inconnue entoure Novak Djokovic (N.4). Le Serbe, qui a travaillé une semaine avec Todd Martin depuis sa finale perdue à Cincinnati, semble en retrait par rapport à 2008.

Côté dames, l'ombre des Williams -surtout celle de Serena, tenante du titre et victorieuse de trois des quatre derniers Grands Chelems en date- se fait envahissante pour tout le monde sauf peut-être pour la Belge Kim Clijsters, dont le retour à la compétition cet été après deux ans de pause familiale s'est accompagné de probants résultats et qui n'a rien à perdre à l'US Open.

Pas question pour autant de la classer parmi les rivales des Williams, car la Belge avoue qu'elle manque encore de régularité et de consistance. Clijsters, qui n'a pas encore joué contre Venus ou Serena depuis son retour, a battu deux joueuses du Top 10 (Svetlana Kuznetsova, gagnante de Roland-Garros, et Viktoria Azarenka) mais assure que c'est la Russe Safina qui l'a impressionnée.

Gagner à New York aurait du sens pour la N.1 mondiale: «Parce que mon frère y a gagné son premier Grand Chelem, que j'ai en gros commencé ma carrière pro ici et que j'y ai déjà gagné le double. Pourquoi pas le simple maintenant?»

Ce serait une manière pour elle de clore le débat autour de ce statut pesant de N.1 mondiale n'ayant jamais remporté l'un des quatre Graals du tennis.