Insatiable depuis le début de la saison, dominant sur la terre battue, Rafael Nadal entreprendra la semaine prochaine, à Paris, la quête d'un cinquième titre consécutif aux Internationaux de tennis de France à Roland-Garros. Personne, pas même Bjorn Borg, n'a réussi un tel exploit dans l'histoire du mythique tournoi disputé sur la terre rouge.

Depuis son premier Roland-Garros, en 2005, alors qu'il n'était encore qu'un gamin efflanqué de 18 ans, Nadal est devenu un véritable ogre. Et on ne mise pas cher sur les chances des adversaires de l'Espagnol.

 

Pensez: depuis 2005, Nadal n'a perdu que cinq des 156 matchs qu'il a disputés sur sa surface de prédilection. Et il n'a jamais perdu en simple à Roland-Garros. Jamais.

L'an dernier, en route vers son quatrième titre, il n'a même pas cédé un set, laminant Roger Federer (6-1, 6-3, 6-0) dans une finale à sens unique.

Mais le Suisse vient justement de le battre à Madrid sur la terre, me direz-vous. Vrai, mais il ne faut pas surestimer l'impact de cette défaite sur la confiance de Nadal.

D'abord, les conditions de jeu étaient bien différentes à Madrid qu'elles ne le sont à Roland-Garros, plus rapides, presque comme sur du ciment.

Puis, la fin d'une longue période d'invincibilité est souvent une véritable libération pour les athlètes qui subissent une pression proportionnelle à la durée de leurs exploits. Et les adversaires de l'Espagnol ne manquent pas de souligner que cette défaite sera pour lui une source de motivation supplémentaire s'il retrouve Federer en finale.

Dimanche dernier, après sa victoire, le Suisse ne se faisait pas d'illusion. «Je suis certain que la défaite ne va pas l'affecter, a-t-il estimé. On va retrouver un Nadal solide comme le roc à Roland-Garros.»

Tout au plus, Federer a-t-il souligné que son gain montrait que Nadal n'était pas invincible.

Les ambitions de Djokovic

Personne ne retiendra sans doute davantage cette démonstration que le Serbe Novak Djokovic. Le numéro 4 mondial vient d'aligner trois défaites contre Nadal sur la terre battue, mais il s'en est approché chaque fois un peu plus.

À Madrid, il y a huit jours, il a poussé l'Espagnol dans ses derniers retranchements, ne s'inclinant qu'au bris d'égalité de la troisième manche après un duel de plus de quatre heures.

«Affronter Nadal sur terre, c'est en soi déjà un vrai défi, a reconnu le Serbe cette semaine, à l'entraînement. Il faut trouver la bonne tactique, car lui ne se pose pas de questions! Il se moque du score et se bat pour chaque point.

«Il est tellement fort, physiquement et mentalement. À la longue, il finit par écoeurer tous ses adversaires...»

Le Britannique Andy Murray, troisième joueur mondial, renchérit sur cette supériorité de Nadal. «Le problème, confiait-il récemment en conférence de presse, c'est qu'il faut jouer quatre ou cinq manches à son meilleur niveau pour espérer rivaliser avec lui à Roland-Garros.

«Il faut à la fois rester solide et prendre des risques, un pari pratiquement impossible à tenir. C'est ce qui explique que personne n'ait encore réussi à le battre dans ce tournoi.»

Est-ce dire qu'un cinquième titre est déjà acquis pour Nadal?

Évidemment non.

Le Majorquain joue d'ailleurs la carte de la prudence. «Je suis confiant, bien sûr, a-t-il expliqué aux médias espagnols, mardi dernier, avant son départ pour Paris. Mais je sais que rien n'est acquis, surtout dans un tournoi long et difficile comme Roland-Garros.

«Ici, il faut se préparer pour des matchs marathons, se méfier de chacun de ses adversaires qui rêvent tous d'épingler le favori. Je crois être bien préparé, je suis bien physiquement et j'ai plus de maturité.

«Vais-je gagner? On le saura le 7 juin!»

Il faudra en effet attendre deux bonnes semaines pour connaître la réponse, mais les amateurs de tennis auront droit à tout un spectacle d'ici là.

Demain: La belle vie parisienne d'Aleksandra Wozniak