Si Ana Ivanovic a vécu un nouveau cauchemar, le conte de fée continue pour Jelena Dokic à l'Open d'Australie assombri d'abord vendredi par des affrontements entre supporters serbes et bosniaques.

Avant de voir Dokic revivre ses plus belles heures après des années de dépression, la journée avait très mal commencé à Melbourne Park.

«Un concours de lancer de chaises», selon l'expression d'un policier, au sortir du match entre le Serbe Novak Djokovic et l'Américain d'origine bosniaque Amer Delic a donné comme bilan une femme légèrement blessée à la tête, deux inculpations et une trentaine d'énergumènes expulsés du stade.

«C'est triste», a commenté Delic. «C'est quelque chose qu'on ne peut pas contrôler. Je suis là pour jouer au tennis et rien d'autre», s'est contenté de dire Djokovic après avoir éprouvé toutes les peines du monde pour éteindre l'enthousiasme de son adversaire, 127e mondial (6-2, 4-6, 6-2, 7-6).

Le tournoi, qui tient à sa réputation de grande fête familiale, n'a vraiment retrouvé le sourire qu'en soirée avec la victoire (3-6, 6-1, 6-2) de Jelena Dokic, 187e mondiale, sur la tête de série N.11 Caroline Wozniacki.

Au cours de son destin tourmenté, Dokic, serbe d'origine, a entretenu des rapports tendus avec l'Australie où elle est arrivée à l'âge de onze ans.

«Les Australiens m'ont pardonné»

«Je ne peux pas effacer mes erreurs du passé, j'espère que les gens comprennent c'est tout, mais j'ai l'impression que les Australiens m'ont pardonné, leur soutien a été incroyable», a-t-elle déclaré après avoir définitivement été adoubée par le peuple de Melbourne.

Jelena avait suscité d'énormes espoirs dans son pays d'adoption en se hissant jusqu'aux demi-finales de Wimbledon en 2000 à l'âge de 17 ans. Très rapidement, elle fit surtout parler d'elle par le biais des dérapages de son père qui finit par rapatrier alors toute sa famille à Belgrade.

Jelena sombrait dans la dépression et jusqu'à la 617e place mondiale, rompait avec son père et sa famille pour revenir s'installer en Australie. Elle n'est redevenue une joueuse professionnelle qu'en 2008 avant de doucement remonter l'échelle jusqu'à ses exploits de cette semaine.

Sa victoire sur Wozniacki est sa deuxième victoire sur une joueuse du Top 20 après celle mercredi sur Anna Chakvetadze. Avant le tournoi, il faut remonter jusqu'en octobre... 2003 pour retrouver la trace d'un tel exploit.

Impeccable Federer

Au vu de son élan, elle aurait eu toutes ses chances face à une 5e mondiale en huitièmes de finale. Sauf que celle-ci, Ana Ivanovic, ne sera pas au rendez-vous après une nouvelle défaillance, face à la Russe Alisa Kleybanova, 31e à la WTA (7-5, 6-7, 6-2).

C'est la deuxième grosse surprise dans le tableau féminin après la défaite de Venus Williams la veille. Mais ce n'est pas une nouveauté pour Ivanovic qui a raté tous ses tournois du Grand Chelem depuis son titre à Roland-Garros en juin.

Battue au troisième tour à Wimbledon et au deuxième à l'US Open, la Serbe n'est plus que l'ombre de la championne rayonnante qu'elle fut à Paris et va poursuivre sa dégringolade au classement lorsqu'elle aura perdu tous ses points de finaliste sortante.

Kleybanova, 31e mondiale, a évidemment sa part de responsabilité. À 19 ans, la Russe, qui frappe très fort des deux côtés, était l'une des filles à suivre cette année. Elle l'a confirmé dans un style pas toujours très académique mais suffisant pour battre une championne en souffrance.

Marat Safin aurait bien imité sa compatriote en se payant le scalp de Roger Federer, comme lors de leur fabuleuse demi-finale en 2005. Sauf que, contrairement à Ivanovic, le Suisse a réussi une partie impeccable (6-3, 6-2, 7-6) pour filer vers un huitième de finale, non face à son copain Stanislas Wawrinka, mais contre le Tchèque Tomas Berdych.