Aleksandra Wozniak n'a pas grimpé les échelons du tennis féminin. Elle les a brûlés, tout simplement.

À pareille date l'an dernier, la Québécoise était 136e au classement et se faisait sortir du premier tour des qualifications de l'Open d'Australie par la 173e mondiale, une certaine Maria Jose Martinez Sanchez.

Un an plus tard, Wozniak entreprend le tournoi de Melbourne comme 30e favorite. Son nom côtoie ceux d'Ana Ivanovic, de Venus Williams, d'Elena Dementieva et des autres têtes d'affiches du premier Grand Chelem de la saison.

Une sacrée progression, aussi fulgurante qu'un service d'Andy Roddick.

Pour Wozniak, être favorite, ça ne change pas le monde, sauf que... «Je suis certaine que je n'affronterai pas Jelena Jankovic au premier tour, comme en 2007, lance-t-elle en riant. Pour le reste, la pression n'est pas plus grande. Je sais que mon tour ne sera pas facile. Toutes les filles se présentent aux Grands Chelems super préparées. Et elles ont toujours beaucoup de motivation pour battre les favorites...»

Premier objectif dans sa ligne de mire: l'Allemande Sabine Lisicki, 58e mondiale. Les deux joueuses se sont affrontées deux fois et le score est à un partout.

Lisicki a fait tourner bien des têtes l'an dernier à Melbourne en accédant au troisième tour. Ses puissants services et ses solides coups de fond de court avaient d'ailleurs causé la perte de Dinara Safina.

Rien d'insurmontable toutefois pour Wozniak. Si la cuisse tient le coup. La Québécoise s'est blessée à son premier match en 2009, au tournoi d'Auckland. Elle a réussi à l'emporter, mais son tournoi s'est arrêté au tour suivant. Idem à Hobart, où elle s'est inclinée dès le premier tour.

«Les filles voyaient que j'avais de gros bandages et elles ont tout fait pour me faire bouger. Je n'arrivais pas à installer ma tactique de jeu.»

Moins d'une semaine avant le début du tournoi, Wozniak n'arrivait toujours pas à courir. Certes, elle a planché sur sa technique, sur ses stratégies, mais ce n'est jamais aussi profitable avec les deux pieds coulés dans le béton.

«J'essaie de rester positive, mais ce n'est pas évident de commencer l'année avec une petite blessure. Ça me désavantage beaucoup, surtout au classement où je suis rendue. Le niveau de jeu est très intense, le tennis, très offensif. Et moi, je ne peux pas attaquer comme je voudrais.»

La blessure tombe d'autant plus mal que les prochaines semaines sont cruciales pour Wozniak, si elle veut atteindre son objectif d'atteindre le très sélect top 20. «C'est dans les prochains mois que tout peut se jouer, car je n'ai presque pas de points à défendre. Je vais avoir besoin d'être constante. Monter dans le top 20 est très difficile. Il faut gagner souvent.»

Une pause profitable

En février dernier, elle s'est offert un congé d'un mois loin de la compétition pour s'entraîner avec son père (et entraîneur) Antoni. La pause a porté ses fruits. Elle est revenue sur les courts plus agressive, avec un tennis d'attaque qu'on ne lui connaissait pas.

Le reste n'a été qu'une irrésistible ascension vers sa 33e place mondiale, avec en prime, quelques exploits uniques dans la petite histoire du tennis québécois: un titre à Stanford, deux matchs gagnants à Roland-Garros... Et des victoires contre Serena Williams, Marion Bartoli et Sybille Bammer.

Classement oblige, la joueuse de 21 ans devra s'adapter cette année à un calendrier plus chargé, avec «un minimum de 25 tournois». Les nouveaux règlements de la WTA forcent les joueuses à enfiler plusieurs tournois les uns à la suite des autres. «Ce n'est pas l'idéal, car plusieurs filles peuvent se blesser. Je préfère pouvoir bien m'entraîner entre les compétitions, pour arriver au tournoi suivant en pleine confiance. Je vais devoir trouver un équilibre.»

Pour l'instant, son calendrier n'est pas encore fixé. Tout dépendra de la cuisse. Seule certitude: elle sera au stade Uniprix du parc Jarry début février pour disputer le tournoi à la ronde de la Coupe Fed.