Le judoka Antoine Valois-Fortier s'est soumis à une opération dimanche. Une autre. La saison du médaillé olympique de bronze est terminée, mais il compte revenir en pleine forme pour les JO de 2020.

Le judo est un sport impitoyable. Antoine Valois-Fortier est bien placé pour en parler, malgré lui.

Il a eu ses premiers problèmes au dos en 2008, à une compétition en Allemagne. En plein combat, il a senti un pincement. Sur le coup, l'adrénaline aidant, il n'a pas compris l'ampleur de la blessure. Trois jours plus tard, il n'était plus capable de mettre ses chaussures lui-même. Son colocataire devait l'aider à s'habiller le matin.

Diagnostic: hernie au dos avec disque fissuré du côté droit. Conséquence: 15 mois de réadaptation.

Puis, en décembre 2016, il a subi sa première opération, à la hanche gauche. Les détails font frémir: les médecins ont refait la suture du labrum, nettoyé l'intérieur de la hanche et procédé à un remodelage osseux. Conséquence: de quatre à six mois de réadaptation.

Ce qui nous amène à dimanche dernier. Valois-Fortier a été opéré à la colonne vertébrale pour soigner deux hernies discales, inévitable conséquence de sa première blessure au dos, il y a plus de 10 ans. L'intervention s'imposait. C'était le seul moyen pour que l'un des meilleurs judokas au pays puisse participer aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

«Mes maux de dos, je les traîne depuis longtemps, a expliqué Valois-Fortier en entrevue hier. Au cours des derniers mois, c'était plus fréquent et plus douloureux. C'était devenu invivable, c'était impossible pour moi de bien me battre avec ça. J'ai décidé de prendre la route plus agressive après les traitements plus doux. L'opération semblait être la bonne chose à faire pour bien performer à Tokyo.»

Car c'est l'objectif qui habite encore le judoka québécois: Tokyo 2020. Valois-Fortier reconnaît qu'il n'est plus jeune, à 28 ans, pour pratiquer son sport. Mais l'euphorie de la médaille est plus forte que tout. Il l'a vécue à Londres en 2012, une médaille de bronze qu'il n'attendait pas après une si longue réadaptation, après avoir cru qu'il ne pratiquerait plus jamais le judo. Il l'a vécue aussi aux Championnats du monde, avec l'argent en 2014 et le bronze en 2015.

Il veut ressentir encore cette allégresse lors des grands rendez-vous, après une septième place qui lui a fait mal à Rio en 2016.

«Il y a des phases de découragement, des phases d'incertitude [en raison des maux de dos]. Mais non, je n'ai jamais pensé arrêter. La décision d'être opéré est pour me permettre de continuer jusqu'à Tokyo. [...] C'était la chose à faire. Sinon j'allais juste empirer la situation au cours des deux prochaines années sans pouvoir laisser mon talent s'exprimer.»

Tout essayer

Valois-Fortier n'hésite pas à entrer dans les détails. S'il a accepté de se soumettre à cette opération importante, c'est qu'il n'avait plus le choix. Il énumère: il a essayé les infiltrations, tous les traitements possibles, ostéo, masso, physio.

«Nomme-les, je les ai tous essayés. Je commençais à avoir le dos trop abîmé pour ce type d'approches. Le judo est difficile sur le corps. Ça fait plus de 10 ans que je fais ça à temps plein. Les années s'accumulent, les chutes s'accumulent, les torsions s'accumulent.»

Pour les prochaines étapes, Valois-Fortier assure qu'il n'a encerclé aucune date sur son calendrier pour célébrer son retour. C'est trop tôt pour y penser, il refuse de se projeter si loin dans l'avenir. Il y a encore trop d'incertitudes. Après tout, ça ne fait que 48 heures qu'il a été opéré, le chemin est encore long.

Le judoka n'est pas très solide sur ses pieds. Il y a une certaine irritation, une inflammation, mais il se réjouit d'être au moins capable de marcher et de s'asseoir. Pendant les premières semaines, il doit se reposer, laisser la nature faire son oeuvre, comme il le dit lui-même.

Puis, c'est l'étape incontournable de la physiothérapie. Une étape qu'il connaît trop bien. Pour sa première blessure au dos, en 2008, il s'y astreignait quatre ou cinq fois par semaine.

D'ici 9 à 12 semaines, il pourra reprendre l'activité physique. Dans quelques mois, il sera de retour en pleine forme. «Ça peut aller plus vite ou moins vite que prévu, mais je suis le type de candidat qui risque de bien récupérer. »

Côté judo, cette opération aura des conséquences sur sa qualification pour Tokyo. Le processus menant aux Jeux s'est mis en branle en mai dernier. Sur une période de deux ans, les judokas accumulent les points selon leurs résultats, avec l'objectif final d'intégrer le top 18 mondial de leur catégorie à temps pour les Jeux. Valois-Fortier ne devrait être de retour à la compétition qu'à l'hiver, ce qui lui fera notamment rater les Championnats du monde en septembre prochain en Azerbaïdjan.

«Ça va me mettre en retard, mais j'ai l'expérience, le talent, le vécu pour me rattraper, pour me classer et pour bien performer aux Jeux.»

Photo tirée de Facebook

Antoine Valois-Fortier a été opéré dimanche pour soigner deux hernies discales.