On aura rarement vu un homme si heureux d'aller recevoir des coups de poing de David Lemieux.

Karim Achour assure qu'il n'est pas au Québec en touriste, même s'il se promet de revenir en d'autres circonstances. Grand sourire, le Français entretient la conversation, ne montre pas une once d'animosité. Il est arrivé ici il y a trois jours avec son entourage, gérant, entraîneurs, quelques amis.

Il espère que la diaspora algérienne et berbère du Québec se rangera dans son camp. Il ne craint pas d'être chahuté par le public, samedi, au Centre Vidéotron.

«J'adore les ambiances électriques, j'ai un esprit hooligan, même si c'est contre moi. Pour moi, avec le bruit, ils me supportent, c'est une force qu'on me donne.»

Achour est souriant, car il a tout à gagner contre Lemieux. Une victoire et sa carrière atteindra un nouveau niveau. S'il perd, ce sera pratiquement dans l'ordre des choses. Sa motivation est évidente quand on lui demande ce que représente Lemieux dans son parcours.

«Il arrive à un moment où je veux passer à une étape mondiale. Il arrive à point dans ma carrière.»

Son palmarès, en effet, manque d'éloquence. On y retrouve Lukas Konecny (50-5-0), qui l'avait battu pour un titre européen en 2013. Il y a aussi Martin Murray (36-4-1), qui l'avait battu en 2012, et qui affrontera Billy Joe Saunders le mois prochain pour le titre WBO des moyens. Sinon, ce sont pour l'essentiel des combats locaux.

Il a mis la main sur deux titres mineurs, WBC de la francophonie et WBC international, en février dernier, en battant le Français Patrice Sou Toke (23-6-1) par décision unanime.

Achour se décrit comme un boxeur physique, qui montre beaucoup d'engagement. Lemieux a le même rapport d'évaluation: «agressif, qui fonce, qui met de la pression». Le Français vante son expérience, croit fermement qu'il peut résister à Lemieux grâce à sa forme physique.

Surtout, il connaît la réputation du coup de poing de Lemieux, le genre qui foudroie sur place. Il se promet d'être très concentré et encore plus vigilant que d'habitude.

«Je vais vendre très chèrement ma peau. Ce sera une bagarre phénoménale samedi.»

Lemieux en santé

Pour Lemieux, Achour est une marche pour retourner au sommet. Pour que son nom circule encore comme aspirant Ă  la ceinture de Gennady Golovkin, ou comme adversaire potentiel de la vedette des poids moyens Canelo Alvarez.

«On veut les gros combats, tout va dépendre de la performance», résume son promoteur Camille Estephan.

Pour ce combat qu'il ne peut pas perdre, ce combat qui doit faire oublier sa défaite pour le titre WBO contre Saunders, Lemieux a un nouvel allié: une injection de cortisone. Lemieux traînait une blessure à l'épaule gauche contre Saunders. Estephan va plus loin: c'est la première fois que Lemieux est à 100% depuis son combat de 2014 contre Gabriel Rosado.

«Tu es aussi bon que ton dernier combat. Je dois prouver qu'il y a eu un petit problème et que c'est réglé, admet Lemieux. Je suis à mon sommet. Les meilleures années sont à venir. [...] On n'aime pas les excuses, mais les faits sont les faits. Je ne pouvais pas utiliser mes outils comme je le voulais. On a essayé d'y aller avec ce qu'on avait.»

Selon son entraîneur Marc Ramsay, le protocole médical mis en place avant le duel contre Saunders n'a pu que contrôler en partie le problème. «On est arrivés la semaine du combat, pas avec le bon timing. Il fallait quelque chose de plus serré. Avec l'équipe du Dr Fontaine, on s'est assurés qu'il soit à 100%.»

Lemieux jure qu'il ne commettra plus l'erreur de monter sur un ring blessé.

«Si une telle situation se représentait, avec l'état dans lequel mon épaule était et la qualité de l'adversaire, je ne prendrais pas le combat. Je ne suis pas à un moment de ma carrière où j'ai besoin de monter dans le ring. J'ai le choix.»

Affronter Karim Achour est son choix. Le battre avec panache est une nécessité. «Pour mon public, mais aussi pour aller où je veux aller.»