«Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». C'est de cette façon que Marc Ramsay a résumé l'état d'esprit dans lequel se trouve le clan d'Eleider Alvarez, quelque 24 heures après qu'eut été annoncé le combat de championnat du monde des mi-lourds de la World Boxing Organization (WBO) qui l'opposera au Russe Sergey Kovalev, cet été.

Alvarez (23-0, 11 K.-O.) n'en pouvait plus d'attendre Adonis Stevenson, qui lui doit un combat de championnat du monde depuis novembre 2015, quand le Montréalais d'origine colombienne est devenu l'aspirant obligatoire au titre du World Boxing Council (WBC) détenu par Stevenson.

Mais après avoir poireauté deux ans et demi, Alvarez n'a pas hésité quand son gérant, Stéphane Lépine, lui a parlé de l'opportunité d'affronter Kovalev (32-2-1, 28 K.-O.).

«J'ai tout de suite dit oui, a-t-il déclaré, sourire aux lèvres, dans un point de presse organisé aux bureaux de Groupe Yvon Michel. (...) Kovalev, c'est le meilleur de la division. Je voulais me battre pour un championnat du monde, même dans une autre association.

«Stevenson, c'est terminé. C'est du passé.»

Après lui avoir apporté que bien peu de soutien au cours des 30 derniers mois, le WBC ne protégera d'ailleurs pas la position d'Alvarez au classement.

«J'ai parlé à Mauricio Sulaiman (le président du WBC) mercredi. Ils sont déçus de la situation, mais ils vont appuyer Eleider, a tenté de le défendre Yvon Michel, président de GYM. Eleider va toujours être très considéré par les dirigeants du WBC, je peux vous le garantir, mais il perd son statut d'aspirant obligatoire.»

Peu importe au clan Alvarez, qui a rapidement tourné la page.

«On était dans le néant avec l'autre situation, a noté Ramsay, l'entraîneur d'Alvarez. Sachant très bien que l'objectif de l'équipe et d'Eleider était d'aller en championnat du monde, quand l'occasion s'est présentée, ce n'était pas bien difficile comme choix.

«Du point de vue d'entraîneur, il est temps. Alvarez a fait ce qu'il avait à faire. Il est rendu à un âge où il faut défier les meilleurs au monde. C'est ce que je lui avais promis afin de l'attirer chez nous, avant même son premier combat professionnel, que je le mènerais à un combat de championnat du monde. On est rendus là.»

«Ce combat arrive à un très bon moment de ma carrière, a admis Alvarez. (...) Il s'est dit beaucoup de choses au cours des deux années et demie où j'ai été l'aspirant obligatoire à Adonis Stevenson. J'ai accepté des choses, de me tasser, avec la promesse de me battre contre lui. Mais j'ai fait quatre combats comme ça et ce combat n'arrivait pas. Maintenant, (affronter Kovalev) est une bonne chose.»

Défi aussi grand

Pour Ramsay, affronter Kovalev au lieu de Stevenson ne représente pas un moins grand défi, mais un défi différent.

«Il y en a un qui est gaucher, l'autre droitier. Pour l'un d'eux, à mon point de vue, on a qu'une seule main à neutraliser, mais une main plus puissante que celles de Kovalev, qui cogne des deux mains, a-t-il expliqué, sans jamais nommer Stevenson. Ce sont des détails différents, mais deux défis sensiblement les mêmes.»

Par ailleurs, comme Stevenson semble si friand des combats d'unification, il n'est pas exclu que les routes des deux boxeurs se croisent de nouveau dans l'avenir si Alvarez devait l'emporter. Stevenson devra toutefois se montrer patient à son tour.

«Il attendra deux ans!», a sèchement laissé tomber Ramsay.

Entre-temps, GYM n'était toujours pas en mesure de confirmer, jeudi matin, la tenue du combat prévu le 19 mai entre Stevenson et Badou Jack, qui doit avoir lieu au Centre Bell.