C'est toujours impressionnant de constater les rigueurs du camp qui précède un combat d'envergure. C'est pénible pour à peu près tous les athlètes.

Pour Georges St-Pierre, c'était pire que tout ce qu'il avait imaginé. Ce qui donne encore plus de poids à ceux qui jugent qu'il s'agit du plus grand retour de l'histoire des arts martiaux mixtes.

C'est la prise de poids qui a été le plus pénible. GSP a en effet dû grimper chez les 185 livres pour affronter Michael Bisping. Il se battait plutôt chez les 170 livres avant sa pause. Le processus a failli tout faire dérailler.

«Un virus courait, une gastro. J'ai été très malade. Pendant deux semaines et demie, j'ai été complètement à terre. C'était à un mois du combat, dans la phase où tu fais le plus de volume et d'intensité. C'est la phase la plus importante.»

«Mon mentor Kristof Midoux assistait à quelques-uns de mes entraînements. Il n'était pas content. Il croyait que je devais annuler le combat. Ça m'a lancé un défi. Ça m'a motivé, je voulais prouver le contraire.»

Encore fallait-il se rendre au combat. Après cette gastroentérite, GSP a été frappé par le syndrome du côlon irritable. Maux de ventre, difficulté à dormir et vomissures formaient son difficile quotidien. Pire encore, en se forçant à manger pour conserver son poids, il s'est retrouvé avec du sang dans les selles.

«Je déjeunais et je vomissais. C'était comme ça chaque jour, jusqu'au combat. Même le jour du combat, j'ai vomi mon déjeuner. J'avais fait la pesée à 185 livres, je voulais remonter près de 200 livres, mais je n'étais pas capable. J'ai pris un gros déjeuner et j'ai vomi.»

GSP admet qu'il a songé à tout abandonner. En fait, le combat était devenu bien secondaire tant il s'inquiétait plutôt pour sa santé. Il craignait le pire et a choisi de passer une batterie de tests, qui se sont tous révélés négatifs.

«J'y croyais vraiment et je ne voulais pas abandonner. Annuler le combat était le dernier recours. Les deux dernières semaines avant le combat, j'ai eu un nouveau souffle. L'acupuncture m'a aidé. Je n'ai plus eu de crampes. Les docteurs rient de moi, mais ça a fonctionné. Les deux dernières semaines ont été à 100%, mais le reste du camp a été désastreux.»

La suite

GSP a été honoré hier au Centre Bell. Encore une fois, la foule lui a démontré bruyamment son appréciation.

Maintenant, il se promet de prendre des vacances dans un endroit « exotique où il fait chaud, avec une belle plage, un océan, de la bonne nourriture, quelques cocktails ».

C'est bien mérité. Reste qu'il doit y avoir une suite pour St-Pierre: il a une ceinture à défendre.

Les scénarios se multiplient. Va-t-il rester chez les 185 livres, malgré les embûches liées au poids, et affronter le champion intérimaire Robert Whittaker? Va-t-il baisser chez les 170 livres, son poids naturel, et défier le champion Tyron Woodley? Pourquoi pas un combat de légendes contre Conor McGregor?

«Dans mon contrat, c'est écrit que si je reviens, je dois défendre ma ceinture contre Robert Whittaker à 185 livres. Je n'ai pas pris de vacances, je dois redescendre de mon nuage. Je n'ai pas parlé aux dirigeants du UFC. Ce sport change très rapidement, je ne sais pas ce qui va se passer. Je vais devoir réfléchir à ça.»

Dans tous les cas, GSP a effacé une fois pour toutes la dernière image qu'il avait laissée avant sa pause, une victoire sans panache contre Johny Hendricks. Une image qui le hantait depuis quatre ans.

«Je n'ai pas aimé la façon que j'avais terminé la dernière fois. Je voulais donc faire quelque chose d'extraordinaire où plusieurs allaient douter de moi. Quelque chose qui n'avait peut-être jamais été fait au UFC. Comme on dit, risque élevé, grande récompense. Je suis arrivé là sans regret.»