À son arrivée au Québec, Artur Beterbiev souhaitait devenir champion du monde le plus rapidement possible. Après quelques délais, le mi-lourd aura l'occasion de concrétiser son objectif samedi, alors qu'il affrontera l'Allemand Enrico Kölling pour le titre de l'International Boxing Federation (IBF).

«C'est possiblement le boxeur le plus complet que nous avons affronté, a analysé son entraîneur Marc Ramsay, rejoint par La Presse canadienne à Fresno, en Californie, où aura lieu le combat. Il ne représente pas la même menace offensive qu'un Tavoris Cloud, mais défensivement, il est très fort.

«C'est un gars qui a connu une bonne carrière chez les amateurs, où il a affronté de bons boxeurs ainsi qu'en World Series of Boxing, la ligue professionnelle de la Fédération internationale de boxe amateur. C'est vraiment quelqu'un qui jouit d'une vaste expérience. Je m'attends à un bon combat.»

Ramsay a rapidement décelé que Beterbiev avait tous les atouts pour gravir rapidement les échelons.

«Je n'ai jamais été un partisan de la voie rapide. J'aime bien respecter les étapes. Mais quand j'ai commencé à travailler de près avec lui, de voir les gars contre qui il mettait les gants à l'entraînement et qu'il était en mesure de les dominer, c'est devenu rapidement très clair qu'on pouvait sauter des étapes avec lui.

«Quand nous avons eu la chance d'affronter Cloud, oui, il y avait un peu de "gambling". Mais Artur avait tellement de qualités que le pari était bien calculé. Il était clair à partir de ce moment-là, il ne fallait plus lui mettre des boxeurs sans expérience dans les jambes. Il fallait demeurer dans des combats de 10 ou 12 rounds et affronter des boxeurs avec de bonnes réputations internationales et des fiches intéressantes.»

Les deux hommes devaient d'abord s'affronter pour la position d'aspirant obligatoire à Andre Ward, qui détenait la ceinture - ainsi que celles de la World Boxing Association et de la World Boxing Organization - avant de prendre sa retraite, en septembre dernier. Quelques négociations avec l'IBF ont fait en sorte que le titre vacant soit mis à l'enjeu.

En Kölling, le Montréalais d'adoption n'affrontera pas le plus puissant des adversaires, comme en font foi ses six K.-O. seulement en 23 victoires, contre un seul revers. De son côté, même s'il est reconnu pour sa force de frappe - Beterbiev a inscrit ses 11 victoires par K.-O. et n'a jamais dépassé le septième round -, le protégé de Ramsay devra se montrer patient.

«La principale force de Kölling, c'est sa défensive. Il a une défensive très hermétique, comme Arthur Abraham. Il est très difficile à toucher de façon claire. Il faudra créer nos ouvertures et si jamais il montre un signe de faiblesse, vous connaissez Artur, il va passer en deuxième vitesse assez rapidement!»

Et Ramsay ne souhaite pas que Beterbiev fasse durer le plaisir s'il a l'occasion de fermer les livres rapidement.

«Surtout pas en championnat du monde. Les combats d'apprentissage, il fallait les faire avant, a noté Ramsay. Dans ce genre de business, quand tu as l'occasion de gagner, tu la saisis, peu importe la façon, que ce soit pas K.-O. ou par décision. Nous avons préparé Artur à toutes les éventualités. Si une chance se dessine, on va sortir de là. L'objectif ultime, c'est de ramasser la ceinture et de revenir au Québec.»

Longue inactivité

En raison d'un conflit l'opposant à son promoteur, Groupe Yvon Michel, Beterbiev (11-0, 11 K.-O.) n'en sera qu'à son premier combat en 11 mois et seulement son troisième en plus de deux ans, une intervention chirurgiclae à l'épaule le forçant à 12 mois d'inactivités entre juin 2015 et juin 2016.

Malgré cette inactivité, son entraîneur, Marc Ramsay, ne l'a jamais senti rouillé.

«Absolument pas, car Artur ne quitte pratiquement jamais le gymnase, a-t-il dit. Il a pris quelques semaines (de congé) ici et là, mais il est demeuré toujours très actif. Je n'ai donc pas vu de rouille. D'un autre côté, Kölling n'a pas boxé depuis février, alors ça ne peut être une excuse. Il a connu un bon camp d'entraînement. Nous sommes prêts à procéder.»

Ce conflit avec GYM laisse toutefois planer des doutes sur ce qu'il adviendra après le combat de samedi.

«Je vais t'avouer que personnellement, j'ai très peu pensé à ça, a dit Ramsay. Nous avons eu l'opportunité de nous battre en championnat parce que nous sommes passés par une mise à l'aveugle; tous les promoteurs pouvaient donc participer. Nous avons bien l'intention de saisir cette chance. Ce qui va se passer ensuite, ce sont davantage les avocats et les tribunaux qui vont régler ça. C'est certain qu'il risque d'y avoir un délai (jusqu'à son prochain combat) le temps que les procédures aient lieu.

«Il y a de bonnes chances qu'une fois le combat de samedi terminé, j'aille gratter de ce côté afin de voir quelles sont les options, comment on peut organiser nos affaires. Mais pour le moment j'avais d'autres chats à fouetter.»