David Lemieux n'a pas perdu une once de sa valeur après son combat de samedi soir à Las Vegas, qu'il a remporté par décision unanime avec une épaule amochée et la main gauche enflée.

C'est ce que soutient son promoteur, Camille Estephan, qui a reçu des appels des dirigeants de HBO et de Golden Boy promotions dès dimanche matin pour savoir quels étaient les plans du boxeur de 28 ans.

«Même sans K.-O., l'étoile de David n'a pas pâli. Au contraire, je sens que l'engouement est plus fort qu'avant. Il a démontré qu'il était capable de s'adapter, de faire preuve d'une grande maturité, explique Estephan. Il a montré une belle boxe. C'était vraiment spectaculaire.»

Lemieux ne s'en cache pas: contre le Mexicain Marcos Reyes (35-4), il espérait une victoire avant la cloche. Mais Lemieux (38-3) s'est blessé dès le deuxième round, d'abord à une épaule, puis à la main gauche quand il a malencontreusement frappé Reyes sur la tête.

«Les boxeurs ont tous un plan de match avant de se faire frapper au visage», aimait dire Mike Tyson. C'est aussi vrai de ceux qui se blessent en cours de combat. À partir de là, l'athlète doit faire preuve de courage et d'intelligence. Il est difficile de s'ajuster, et plusieurs boxeurs paniquent.

Lemieux n'a jamais manqué de coeur, mais parfois, à ses débuts, son sens de la boxe pouvait faire défaut. Ce n'est pas arrivé samedi, alors qu'il a mené un combat brillant. «J'ai dû utiliser ma main gauche pas mal moins souvent que je l'aurais souhaité», a-t-il expliqué. 

«Quand je rentre dans le ring, mon état d'esprit, c'est d'aller chercher la victoire, peu importe comment. Si c'est à deux mains, tant mieux. Si c'est à une main, ce sera à une main. Ç'a été difficile sans la gauche. Mais je suis fier d'avoir réussi.»

Sa blessure à la main n'est pas sérieuse, a-t-il dit hier. Lemieux a souvent été blessé à la main droite dans sa carrière. Il n'a jamais subi d'opération, et ce ne sera pas nécessaire cette fois-ci non plus.

Quand on sait dans quelles circonstances il est allé la chercher, sa victoire de samedi apparaît d'autant plus impressionnante. Les commentateurs de HBO ont d'ailleurs eu de très bons mots pour Lemieux en ondes.

«Je pense que je leur donne tout le temps un bon spectacle, alors c'est plus difficile de me critiquer. C'est du donnant, donnant. Quand je monte dans le ring, c'est pour donner un bon show et les fans aiment ça, note Lemieux. Donc je ne suis pas vraiment surpris des commentaires positifs des gars de HBO, même s'ils ont souvent été durs à mon égard. Quand ils avaient l'occasion, ils me critiquaient. Mais là, je livre la marchandise, alors il y a moins de critiques...»

À Montréal ou à Vegas?

Avec quatre victoires de suite, Lemieux a prouvé qu'il s'était remis de sa défaite par arrêt de l'arbitre contre Gennady Golovkin. Le boxeur et son promoteur préparent maintenant un combat « payant » dès l'automne.

«Il faudra voir le repos dont aura besoin David. Est-ce que septembre, c'est trop tôt pour un retour? Il y a beaucoup d'options sur la table», précise Camille Estephan.

L'une des options serait de voir Lemieux en demi-finale du combat entre Canelo Alvarez et Gennady Golovkin à Las Vegas ou à New York. L'autre avenue serait un combat à Montréal. Ses adversaires potentiels sont Julio Cesar Chavez fils, Andy Lee et le champion WBO des moyens Billy Joe Saunders.

«La division des moyens est en ébullition, il y a beaucoup de boxeurs de talent, lâche Estephan. Et David est là avec eux.»