Après une semaine de promotion marquée par les insultes, Jean Pascal et Sergey Kovalev ont fait les choses d'une façon civilisée à la pesée officielle, vendredi.

Les deux boxeurs, qui s'affronteront samedi, au Centre Bell, pour les titres des mi-lourds de l'International Boxing Federation (IBF), de la World Boxing Association (WBA) et de la World Boxing Organization (WBO) - tous détenus par Kovalev - ont d'ailleurs aisément respecté la limite imposée de 175 livres.

Pascal (30-3-1, 17 K.-O.) a été le premier à monter sur le pèse-personne, affichant un poids surprenant de 174,3 livres, lui qui peine habituellement à faire le poids. Kovalev, toujours invaincu avec sa fiche de 28-0-1 et ses 25 K.-O., a ensuite affiché un poids de 174,6 livres.

Malgré son évidente forme physique et l'arrivée d'un nouvel entraîneur en Freddie Roach, bien peu d'observateurs accordent la moindre chance qui soit à Pascal.

«Ça va être difficile encore une fois pour Jean, a indiqué à regrets Lucian Bute, qui s'était incliné par décision unanime devant Pascal en janvier 2014. J'espère qu'il fera mieux qu'au premier affrontement. Il a changé d'entraîneur - il a un des meilleurs entraîneurs au monde présentement en Freddie - et je suis certain qu'ils ont établi une bonne stratégie. J'espère pour la boxe au Québec qu'il va faire mieux qu'en mars dernier. Mais ça va être dur: Kovalev est bon et il est bien préparé.»

Quand on lui a demandé de se risquer à une prédiction, Bute, presque gêné, a prédit une victoire au Russe.

«Je ne sais pas si va être plus long que la dernière fois, mais Kovalev va gagner. Ça va être une surprise si Jean l'emporte. Mais nous sommes là pour l'encourager.»

«Ce sera difficile pour Jean, a pour sa part admis Howard Grant, l'entraîneur de Bute, plus tôt cette semaine. Ce gars-là est une machine. C'est possiblement le meilleur au monde présentement avec (Gennady) Golovkin. C'est toute une commande.»

«C'est un vrai! On sait que c'est possiblement l'un des meilleurs de la planète livres pour livres présentement, a quant à lui déclaré Russ Anber, qui sera dans le coin de Pascal samedi. C'est quelqu'un qui dispose de tous les outils, qui boxe très bien. Mais Jean ne peut que mieux faire que lors du premier combat, alors que tout le monde dans son camp l'avait trouvé nonchalant et pas allumé comme il aurait dû l'être. Cette fois, il sera plus allumé, plus prudent, plus intelligent dans ses choix, car il connaît la bête qui se trouvera devant lui.»



Kovalev veut le faire payer

Les spectateurs sur place ont de leur côté clairement fait savoir à qui allait leur allégeance en vue de ce choc.

Si le Québécois, qui est l'aspirant no 3 à la WBO, no 5 à la WBA et no 6 à l'IBF, a été applaudi à tout rompre, ce sont des huées qui ont été réservées au champion, qui n'a pas semblé s'en faire outre mesure. Sourire aux lèvres, il fait signe à la foule de se taire, soufflant des baisers à l'endroit de son adversaire. Une fois sur la balance, il a brandi une écharpe où la phrase «Mes ceintures parlent pour moi» («Belts do the talking») était inscrite.

Alors qu'on avait évoqué la possibilité qu'il n'y ait pas de face-à-face en raison de l'animosité entre les deux hommes, la tradition a été respectée. Mais le champion s'est bien gardé de s'approcher du centre de l'estrade où Pascal l'attendait, forçant plutôt ce dernier à se déplacer vers lui. Le Russe a ensuite brièvement regardé son adversaire dans les yeux, avec un évident mépris, avant de prestement lui tourner le dos.

Quand Pascal s'est retourné vers les photographes, Kovalev s'est placé derrière, pouce vers le bas.

«Sergey a été insulté par les agissements de Pascal cette semaine et il va le lui faire payer dans le ring», a déclaré le gérant du champion, Egis Klimas, qui ne porte de toute évidence pas l'aspirant dans son coeur. Mais il a respecté suffisamment le Québécois pour avoir conseillé à son protégé la plus grand prudence.

«Je lui ai suggéré d'être patient dans le ring, comme il l'avait été face à Bernard Hopkins. Pascal est un boxeur talentueux, puissant. Il sait comment se battre. Maintenant, avec Freddie Roach dans son coin, nous verrons ce que ce dernier a apporté à Pascal et s'il peut faire plus que huit rounds (comme en mars dernier). C'est ce que nous verrons (samedi).»

Pas moins de 10 combats sont prévus sur la carte qui se mettra en branle à compter de 18h30. Pascal et Kovalev doivent marcher vers le ring à compter de 23h.

Photo André Pichette, La Presse

Une fois sur la balance, Sergey Kovalev a brandi une écharpe où la phrase «Mes ceintures parlent pour moi» («Belts do the talking») était inscrite.