Jean Pascal devait s'entraîner devant public pendant une vingtaine de minutes hier soir, dans un restaurant de Boucherville. La séance a plutôt duré près d'une heure et demie. En sortant du ring, il a pris soin de signer des autographes et de prendre quelques photos avec certains de ses admirateurs.

Mais quand est venu le temps de rencontrer les médias, le boxeur lavallois s'est soudainement refermé comme une huître. Les nombreux journalistes réunis sur place ont dû l'intercepter avant qu'il ne s'engouffre dans une salle de conférence à l'arrière du restaurant pour obtenir un bref instant - pas plus de deux minutes - avec lui.

Voilà qui était plutôt inusité en ce qui le concerne. D'ordinaire, Pascal (30-3-1, 17 K.-O.) ne se fait pas prier pour livrer le fond de sa pensée lorsque caméras, micros et autres enregistreuses sont dans les parages.

D'ailleurs, sauf pour les événements d'usage qui mèneront à son combat revanche contre Sergey Kovalev (28-0-1, 25 K.-O.), samedi soir au Centre Bell, le pugiliste n'a prévu que très peu d'apparitions médiatiques, contrairement aux jours qui avaient précédé le premier duel avec le Russe. «Ça fait partie du plan de match», a-t-il convenu avec le sourire.

Est-ce là une première trace de l'influence de son nouvel entraîneur, Freddie Roach? Impossible de l'affirmer avec certitude. Cela dit, il est vrai que Pascal semblait beaucoup plus détendu hier soir que durant la semaine avant d'affronter Kovalev pour la première fois.

«Je me sens plein d'énergie. Je suis en très bonne forme. Le train roule très bien et il est prêt à fonctionner à pleine vapeur samedi soir.»

«Je suis sain d'esprit. J'ai refait un nouveau travail avec mon psychologue sportif. J'ai une nouvelle équipe, un nouvel environnement, une nouvelle méthode et une nouvelle approche. Ça donne un nouveau Jean Pascal.»



Kovalev concentré et motivé

Du côté de Kovalev, c'était tout le contraire. Habituellement réservé et peu bavard, le cogneur était cette fois beaucoup plus volubile devant les caméras et les micros, se permettant même quelques petites blagues.

On avait décidément l'impression de vivre dans un monde à l'envers.

Ce qui n'a pas changé, cependant, c'est le désir de Kovalev de liquider son rival de la façon la plus brutale possible. Comme il l'avait fait savoir quelques jours plus tôt, il a manifesté le souhait de mettre un terme à la carrière de Pascal samedi.

«Ce combat me donne des raisons de trouver de nouvelles motivations, a-t-il indiqué. Je sais que Pascal a un entraîneur très célèbre en la personne de Freddie Roach. Je crois qu'il amènera quelque chose de nouveau contre moi, et c'est ce qui me motive. Je dois être prêt pour tout ce qu'il peut amener contre moi dans le ring.»

L'entraîneur de Kovalev, John David Jackson, a confirmé que son poulain était plus affamé que jamais. Et selon lui, cette soif de vaincre Pascal se traduira notamment par une meilleure concentration dans l'arène.

«Il l'a malmené la dernière fois, et je pense qu'il le malmènera encore davantage cette fois. Si vous regardez le dernier combat, Pascal était épuisé et lent.»

«Si le combat se prolonge, Pascal souhaitera qu'il ait été plus court, a-t-il enchaîné. [...] Vous ne pouvez pas vous sauver pendant 12 rounds. Vous devez vous battre éventuellement.»

On verra donc, samedi soir, si Kovalev et son camp pourront mener à bien leur mission. Et si, après le combat, le Russe sera encore aussi verbomoteur que Pascal peut l'être.

Photo André Pichette, La Presse

Sergey Kovalev veut liquider son rival de la façon la plus brutale possible.