En faisant appel aux services de Freddie Roach en vue de son combat revanche contre Sergey Kovalev, Jean Pascal voulait un entraîneur qui lui permettrait de hisser sa boxe à un niveau supérieur. Et selon lui, il semble que ce soit exactement ce qu'il a trouvé.

Le boxeur lavallois se trouve actuellement au Wild Card Gym du légendaire Roach, à Los Angeles, pour poursuivre son camp d'entraînement en prévision de son affrontement contre Kovalev (28-0-1, 25 K.-O.), le 30 janvier au Centre Bell.

Pour Pascal (30-3-1, 17 K.-O.), c'est un premier camp sans être sous la gouverne de Marc Ramsay, qui le dirigeait depuis les rangs amateurs et de qui il s'est séparé en novembre. S'il ne souhaite pas se lancer dans les comparaisons entre Ramsay et Roach, Pascal souligne cependant le talent de ce dernier pour cibler et corriger les lacunes dans son style.

«Freddie Roach a l'oeil du tigre pour voir les choses de manière vraiment différente de celle des autres entraîneurs, ce qui lui permet d'apporter les ajustements nécessaires. [...] Ce sont les petits détails qui font une grande différence.»

Mais au-delà de ses contributions sur le plan pugilistique, c'est surtout une bonne dose de confiance que Roach, nommé six fois entraîneur de l'année de 2003 à 2013, a injectée à son nouveau poulain. Pas que Pascal croyait qu'il allait perdre contre Kovalev, loin de là. Mais le boxeur admet que c'est cette confiance supplémentaire qui l'aidera véritablement à passer à un autre niveau.

«Il m'a dit que j'avais l'une des meilleures gauches de la business, raconte le boxeur de 33 ans. Quand quelqu'un comme Freddie Roach nous dit ça, et quand on a confiance en soi et qu'on est discipliné, ça porte ses fruits.»

Profil psychologique

D'ailleurs, en plus des talents athlétiques des deux belligérants, ce combat comportera une dimension mentale fondamentale. On le sait, Pascal et Kovalev sont incapables de se blairer. La guerre de mots, en personne ou sur les réseaux sociaux, fait rage depuis leur premier face-à-face, le 14 mars 2015.

C'est entre autres pourquoi le psychologue sportif de Pascal, le DRobert Schinke, lui a préparé un profil psychologique de Kovalev - document qui tient sur 24 pages - afin de l'aider à entrer dans la tête du cogneur russe.

«Ça identifie ses forces et ses faiblesses psychologiques, de même que son comportement dans le ring et à l'extérieur. [...] C'est important d'être bien préparé mentalement et physiquement. Tout est calculé. Rien n'est laissé au hasard.» 

Selon ses dires, ce profil aurait également permis de confirmer le côté «raciste» de Kovalev, dont Pascal avait amplement discuté lors de l'annonce du combat. Les recherches du DSchinke auraient en effet permis de découvrir que Kovalev a tenu des propos de telle nature contre le boxeur ukrainien Ismayl Sillah, qu'il a défait au Colisée Pepsi de Québec en 2013.

«Les gens m'ont reproché de jouer la carte du racisme en disant que ce n'était que pour vendre des billets. Or, je ne faisais que dire la vérité. Et en lisant [le document], on le voit. Ce n'était pas la première fois qu'il y allait de telles remarques. Ce n'est pas moi qui invente cela. Les propos sont là», martèle Pascal.

Faire fi des critiques

Bien des gens ont sourcillé en apprenant que Pascal se mesurerait une seconde fois à Kovalev. Ce dernier lui avait passé le knock-out au huitième round lors du premier affrontement. Puis, quelques mois plus tard, Pascal a remporté une victoire controversée aux dépens du Cubain Yunieski Gonzalez. De l'avis de plusieurs observateurs, Gonzalez méritait de gagner.

Pascal le reconnaît lui-même, c'est une tâche «gigantesque» qui l'attend le soir du 30 janvier. Mais grâce notamment à ce que Freddie Roach lui a enseigné depuis le début de leur collaboration, il a la ferme conviction de pouvoir l'emporter cette fois-ci.

«Je suis encore le négligé pour ce combat. Je l'ai souvent été au cours de ma carrière. [...] Être le négligé, c'est l'histoire de ma vie. Je l'étais à l'école, et j'ai finalement remporté le concours de Génies en herbe en 5e année», explique-t-il.

«Les seules choses que j'ai à prouver, je dois les prouver à moi-même, ajoute Pascal. L'opinion des gens m'importe peu. Je veux remettre les pendules à l'heure avec ce combat. C'est facile de critiquer quand on est assis dans son salon et qu'on n'est pas celui qui mange les coups.»