Son promoteur Camille Estephan le décrit comme étant «le Sidney Crosby de la boxe», de même que «l'une des pierres angulaires du futur de la boxe au Québec». Lorsqu'on lui mentionne ces éloges, Steven Butler esquisse un petit sourire en coin.

«Ça signifie que je suis jeune, je suis tout nouveau. Sidney Crosby est le meilleur joueur de la LNH. Je me considère comme le meilleur espoir qu'on a, peut-être même mondialement. Je le prends comme un compliment et je l'apprécie», a expliqué le jeune pugiliste de 19 ans, en entrevue avec La Presse hier.

Butler (12-0, 10 K.-O.) se battra au Centre Bell samedi soir, dans un combat préliminaire au duel entre David Lemieux et Hassan N'Dam. Le Montréalais affrontera l'Américain de 26 ans Jaime Herrera (12-3, 7 K.-O.) pour l'obtention de la ceinture NABF junior des poids moyens. Ce sera d'ailleurs son premier combat avec une ceinture en jeu.

Ce sera aussi une occasion en or pour cimenter sa place dans l'univers de la boxe québécoise, au moment où sa carrière connaît une ascension fulgurante.

«Je ne prends pas ça à la légère. Je veux en donner à tout le monde. Je veux montrer mon potentiel et mon 100%», lance-t-il.

Une affaire de famille

La boxe, Butler a ça dans le sang. Littéralement. Son grand-père Marshall, une «inspiration» pour lui, était boxeur professionnel durant les années 70. Il était donc naturel, en quelque sorte, qu'il veuille suivre la même voie. Et ce, même si ses parents ne voyaient pas la chose d'un très bon oeil au départ.

«C'est en raison de l'influence de ma grand-mère, qui connaissait bien mon grand-père, à l'époque où ils étaient ensemble, raconte-t-il. Il y avait beaucoup de trucages. Il y avait la mafia derrière la boxe, et il y avait un peu de crainte que ce soit encore le cas. »

C'est aussi le fait de voir son enfant recevoir des coups et en donner. C'est un peu violent, la boxe, malgré que ce soit un sport.

«Ils n'étaient pas trop pour ça, mais dès que j'ai commencé la boxe, qu'ils ont vu que j'avais du potentiel, que j'aimais ça et que c'était devenu ma passion, ils ont embarqué avec moi. Maintenant, ce sont mes premiers partisans qui m'encouragent et qui ont hâte que je me batte.»

Le parcours de Butler aurait cependant pu être fort différent, n'eût été son entraîneur Rénald Boisvert, qui le dirige depuis huit ans. Enfant turbulent, le boxeur a appris à canaliser son énergie dans son sport grâce aux conseils de son entraîneur.

«Il m'a toujours aidé à garder le droit chemin. Si je ratais une semaine d'entraînement, il m'appelait. Ça m'a poussé à venir m'entraîner. On a tous été jeunes. Rester concentré sur la boxe, c'était difficile. Je niaisais un peu, mais c'est lui qui m'a vraiment aidé à garder la passion», note-t-il.

Éviter de brûler les étapes

Si ce n'était que de Butler, il se battrait pour un championnat du monde dès demain matin. Il se sent prêt et se sent d'attaque pour relever un tel défi. Mais Camille Estephan veut éviter à tout prix de brusquer son joyau.

«À 19 ans, il est très jeune. Il faut qu'on fasse attention pour ne pas brûler les étapes, mais on a confiance en ses habiletés. Il ne faut donc pas trop ralentir non plus. Il faut trouver un bon équilibre», souligne le président d'Eye of the Tiger Management.

Ce dernier note par ailleurs que malgré un talent indéniable, Butler devra apporter quelques modifications à son style parfois casse-cou avant de se lancer à la chasse aux titres mondiaux.

«Il a une bonne défense, mais sa meilleure défense aujourd'hui est son attaque. Il a des poings qui sont très lourds. Il fait vraiment mal à ses adversaires. Il s'agit d'améliorer sa défense en général et la façon dont il bouge dans le ring. Ce sont de petites choses sur lesquelles Rénald travaille avec lui de façon très étroite», résume Estephan.

Butler devra donc patienter un peu avant d'avoir cette chance. Pour lui, l'idéal serait de l'obtenir à la fin de l'année ou en 2016. Mais en attendant, il s'efforce d'atteindre un objectif beaucoup plus grand.

«Je veux être une légende. Je veux laisser ma trace», prévient-il.