Le torchon brûle entre Artur Beterbiev et son ancienne gérante Anna Reva. Alléguant que son ex-protégé a illégalement rompu le contrat qui les unissait, cette dernière lui réclame maintenant une somme de 75 000 $.

Dans la poursuite, déposée devant la Cour supérieure le 11 mai au palais de justice de Montréal, Reva soutient que le boxeur russe, poulain du Groupe Yvon Michel (GYM), a mis fin à leur association sans préavis, la privant ainsi des commissions sur ses bourses auxquelles elle aurait normalement eu droit.

Une source près du dossier a indiqué à La Presse que Beterbiev faisait preuve d'une attitude «différente» envers Reva depuis un certain temps, jusqu'à ce qu'il lui annonce qu'il mettait fin à leur association. Il n'aurait invoqué aucune raison particulière pour motiver sa décision, outre le fait qu'il «n'appréciait pas le comportement» de Reva à son endroit depuis les derniers mois.

Anna Reva a commencé à s'occuper de la carrière de Beterbiev en 2012, avant de devenir officiellement sa gérante le 1er avril 2013. Les deux se sont alors entendus sur un contrat de huit ans, selon la poursuite.

Pour faciliter l'arrivée du boxeur au Canada, elle a payé certaines de ses dépenses, dont son équipement de boxe, un téléphone cellulaire, des cours de français et même des contraventions. Elle lui a également fourni un «luxueux» condo meublé à Montréal.

Quelques semaines plus tard, le 16 mai, Reva s'est entendue avec GYM pour que Beterbiev rejoigne les rangs du groupe. Le Russe a par la suite livré son premier combat chez les professionnels le 8 juin, dont il est ressorti vainqueur. Il est toujours invaincu en neuf affrontements à ce jour.

«Sous le choc»

En février dernier, voyant que Beterbiev enchaînait les victoires, l'influent et controversé gérant Al Haymon, qui travaille étroitement avec GYM, a offert au boxeur de devenir son conseiller.

Signer un tel contrat aurait garanti à Beterbiev «des centaines de milliers de dollars pour chaque combat», affirme Reva dans sa poursuite. Celle-ci précise que bien qu'elle ait été tenue à l'écart des négociations, elle avait pris soin d'informer Beterbiev de ses demandes.

Mais voilà, dès le mois suivant, Beterbiev aurait cessé toute communication avec Reva. Elle a ensuite appris que le boxeur avait signé avec GYM et Haymon sans l'en informer. Beterbiev aurait même demandé de rayer le nom de Reva du contrat.

Le 4 avril, Beterbiev a vaincu Gabriel Campillo au Colisée Pepsi de Québec. Il a empoché 250 000 $ pour ce combat. Comme Reva avait négocié les conditions de ce duel, elle a exigé de Beterbiev qu'il lui paye sa commission de 20% sur cette bourse, sans succès. Reva a ensuite reçu une lettre de la part des avocats de Beterbiev dans laquelle ce dernier affirme que leur contrat du 1er avril 2013 n'est plus valide.

«La plaignante était sous le choc en recevant cette lettre étant donné qu'elle avait investi autant de temps, d'efforts et d'argent dans la carrière du défendeur. Le défendeur n'est pas reconnaissant puisqu'il a saisi la première occasion pour renier ses obligations contractuelles et légales envers la plaignante», peut-on lire dans la poursuite.

Celle-ci réclame donc à Beterbiev le remboursement d'une commission de 50 000 $ pour le combat du 4 avril, en plus d'une somme de 25 000 $ pour acquitter les frais judiciaires liés à cette poursuite. Elle demande également que Beterbiev rende compte de ses gains reliés à la boxe chaque premier jour de janvier jusqu'au 1er janvier 2022, et qu'il lui remette dorénavant une commission équivalant à 20% de chacune de ses bourses.

Jointe par La Presse, Anna Reva n'a pas voulu commenter le litige.

Photo tirée de Facebook

Anna Reva