Si le Groupe Yvon Michel et le clan Adonis Stevenson espéraient, mercredi après-midi, promouvoir le combat à venir contre Sakio Bika, on ne peut pas dire que l'exercice a été une grande réussite, puisque la téléconférence internationale qui a réuni Stevenson et Bika a surtout permis de faire résonner le nom de Sergey Kovalev.

Stevenson a eu beau répéter à maintes reprises qu'il ne pensait qu'à l'Australien d'origine camerounaise, les questions qui lui ont été adressées ont davantage porté sur le pugiliste russe que sur Bika. Comme si l'affrontement du 4 avril, au Colisée Pepsi, n'était rien de plus qu'une formalité, une étape vers un gigantesque duel contre Kovalev.

Il faut dire que la semaine dernière, Stevenson, monarque des mi-lourds du WBC, et GYM ont ouvertement dit souhaiter un combat d'unification avec Kovalev, qui détient les ceintures de la WBA, de la WBO et de l'IBF. Aussi, ils ont demandé au WBC d'accélérer le processus.

Mais mercredi, Stevenson ne voulait discuter que de Bika.

«Je sais que tout le monde parle de Kovalev et d'autres combats potentiels, mais je suis vraiment concentré sur Sakio Bika, a assuré Stevenson, dans l'une de ses rares réponses en français. C'est lui qui est dans ma figure, ce n'est pas Kovalev, ce n'est pas une autre personne; c'est Sakio Bika qui est là. Je ne le sous-estime pas et c'est pour ça que je connais un camp d'entraînement extraordinaire. Je sais qu'il va venir au Québec et qu'il va essayer de gagner.

«Je ne pense pas à Kovalev, parce que j'ai un combat à venir avec Bika. Kovalev, ce sera après», a aussi affirmé Stevenson.

Malgré cela, plusieurs journalistes voulaient connaître l'opinion de Stevenson au sujet de Kovalev, et plus particulièrement à la suite de la victoire du Russe contre Jean Pascal au Centre Bell, il y a une dizaine de jours. Après un certain temps, Stevenson a fini par expliquer pourquoi la prestation de Kovalev l'avait laissé plutôt froid.

«Je n'ai pas été impressionné parce que Pascal en était à son premier gros combat depuis Bernard Hopkins, et parce qu'il s'était battu une seule fois durant l'année. Pascal n'est pas aussi actif que dans le temps», a-t-il répondu.

À un certain moment, la multiplication de questions au sujet de Kovalev a même semblé agacer Kevin Cunningham, l'entraîneur de Bika.

«J'aimerais remercier les représentants des médias qui participent à cette téléconférence d'avoir fouetté mon protégé, a lancé Cunningham. Je n'ai plus besoin de le faire, car vous l'avez fait pour moi! Il a l'impression qu'on lui manque de respect et il ne comprend pas pourquoi il participe à cette téléconférence, car celle-ci a surtout porté sur Stevenson et Kovalev. Vous avez contribué à motiver mon boxeur et je vous en remercie!»

Même Artur Beterbiev, qui a pris part à une autre téléconférence immédiatement après celle de Stevenson et Bika, n'a pas pu échapper aux questions sur Kovalev. Sa gérante, Anne Reva, qui jouait le rôle de traductrice, a rapidement tenté de ramener les journalistes à l'ordre et de réorienter les questions vers son prochain adversaire, l'Espagnol Gabriel Campillo, avec plus ou moins de succès.

Il faut dire que Beterbiev, et deux fois plutôt qu'une, a vaincu Kovalev dans les rangs amateurs.

«Considérant toutes ses récentes déclarations, j'aimerais le rencontrer et le remettre à sa place au niveau professionnel», a-t-il déclaré dans sa langue maternelle.

Stevenson (25-1-0, 21 K.-O.) et Beterbiev (7-0-0, 7 K.-O.) seront les têtes d'affiche du premier gala de la série «Premier Boxing Champions» qui sera diffusé sur les ondes du réseau américain CBS, en plein coeur de l'après-midi, le samedi de Pâques.

Alors que Stevenson tentera d'infliger à Bika (32-6-3, 21 K.-O.) une première défaite par mise hors de combat en carrière, Beterbiev cherchera à poursuivre son travail de démolition alors qu'il se mesurera à Campillo (25-6-1, 12 K.-O.), dans un duel prévu pour 10 rounds. Beterbiev n'a encore jamais eu à se rendre plus loin que le quatrième round depuis son entrée chez les professionnels, en juin 2013.

Bika, chez les super moyens, et Campillo, chez les mi-lourds, sont deux anciens champions du monde.

«Il représente un solide adversaire, a déclaré Beterbiev au sujet de Campillo. Il sait comment travailler en attaque, et il est très bon en défensive.»

Stevenson en sera à une cinquième défense depuis son éclatante victoire aux dépens de Chad Dawson, le 8 juin 2013 au Centre Bell. Capable de spectaculaires victoires par mise hors de combat, Stevenson se dit prêt pour une bataille qui pourrait le mener jusqu'à la limite.

«Je viens du Kronk Gym à Detroit, et là-bas, on vise toujours le 'knock-out'. Mais si ça doit aller en 12 rounds, je ne suis pas inquiet. On a assez d'habiletés pour aller jusqu'au bout. Je sais qu'il représente un solide adversaire, et je suis prêt à faire un combat de 12 rounds», a assuré Stevenson.