Dierry «Dougy Style» Jean n'est plus. Dites bonjour à Dierry «All In» Jean.

À première vue, ce nouveau surnom a de quoi surprendre. Après tout, le boxeur montréalais sort à peine d'une thérapie pour soigner son problème d'alcool et de jeu compulsif. Mais ne nous méprenons pas: ce sobriquet n'a rien à voir avec une partie de poker.

«J'ai réfléchi et je me suis dit: O.K., maintenant, je suis all in dans ma vie. Ce n'est pas un pari que je prends. Ça signifie que je vais all in dans tout ce qu'il y a de bon dans la boxe. Ça peut être un double sens, mais je vais prendre la chance de l'expliquer à tout le monde», a raconté hier l'athlète de 32 ans, qui en était à son 130e jour d'abstinence.

Jean (27-1, 19 K.-O.) montera dans le ring pour la première fois depuis sa cure demain soir, en sous-carte du combat opposant Jean Pascal à Sergey Kovalev. Il affrontera alors Carlos Manuel Reyes (25-3-1, 17 K.-O.), originaire de la République dominicaine.

«Il m'a dit qu'il était nerveux pour la première fois dans sa vie. À l'entraînement, il pète le feu, mais il me dit qu'il a peur de crouler sous la pression, qu'il avait des excuses par le passé. Là, il a tout fait correctement», explique son entraîneur, Mike Moffa.

Nerveux en vue de son grand retour, bien sûr, mais aussi nerveux à l'idée de prouver qu'il est un homme nouveau, un homme transformé.

«On se bat pour sa vie. La boxe, c'est juste un bonus. Son avenir, c'est d'être un meilleur père et une meilleure personne. C'est ce qui m'intéresse avant tout», souligne Moffa, qui a demandé à son poulain de déménager près de chez lui afin de pouvoir l'avoir à l'oeil.

Réglé en cinq rounds

En dépit de cette fébrilité, c'est débordant de confiance que le clan Jean aborde ce duel contre Reyes. Rappelons que le Québécois devait au départ affronter Henry Lundy, mais les négociations ont achoppé.

«On est supposés le battre, mais tout peut arriver dans un combat de boxe, signale Moffa. On le prend au sérieux. Il y a beaucoup en jeu dans ce combat, car on est supposés le battre facilement et bien paraître.»

«C'est un bagarreur, mais il n'a pas vraiment de jeu de jambes, analyse quant à lui Jean. C'est là où sera mon avantage, sur le plan de la rapidité. Je vais le pincer en contre-attaquant.»

Quand on lui demande quel genre d'accueil il s'attend à recevoir de la part du public réuni au Centre Bell, Jean croit qu'il sera somme toute positif.

«Je pense que ça va crier pour moi, dit-il. Il y en a beaucoup qui sont fiers du geste que j'ai posé, soit d'avoir pris ma vie en main. Ils seront sûrement reconnaissants et comprendront que ça n'a pas été facile.»

L'affrontement est prévu pour dix rounds, mais tant Moffa que Jean estiment que ce dernier l'emportera d'ici la fin du cinquième. Et peu importe le résultat, pas question pour Jean d'aller faire la fête. Du moins, pas comme il avait l'habitude de le faire auparavant.

«Cette fois, après le combat, on ira manger et je vais prendre soin de mon corps, indique-t-il. Avant, c'était sortir, boire, prendre une bière et se relever le lendemain avec une migraine. C'était une semaine de débauche. Je ne voyais pas ma famille. Maintenant, je ferai plus d'activités avec eux.»