Le torchon brûle entre le Groupe Yvon Michel (GYM) et le boxeur David Lemieux. Après avoir vu son poulain quitter le navire pour aller joindre Golden Boy Promotions, le promoteur québécois prétend que Lemieux et son gérant, Camille Estephan, ont rompu le contrat qui les unissait et envisage maintenant de s'adresser aux tribunaux pour le faire respecter.

Le pugiliste montréalais de 26 ans, qui était lié à GYM depuis huit ans, a fait savoir la semaine dernière qu'il passait chez Golden Boy, groupe basé en Californie et dont le propriétaire est l'ex-champion du monde Oscar de la Hoya.

Estephan, président d'Eye of the Tiger Management (EOTTM), avait alors affirmé à La Presse que l'entente entre Lemieux et GYM était échue depuis «plus de six mois». L'une des raisons ayant poussé le boxeur à partir, selon lui, était que ce dernier souhaitait se battre sur les ondes du réseau HBO, alors que GYM est de plus en plus associé au concurrent Showtime.

Or, dans un communiqué émis lundi, GYM soutient que l'entente, signée en décembre 2011, était toujours en vigueur puisqu'elle a été renouvelée «sous réserve de certaines modifications». Malgré cela, le 6 janvier, Lemieux et Estephan auraient avisé GYM de leur départ, ce qui a «surpris et déçu» le promoteur. Il accuse maintenant Estephan de vouloir «éluder ses obligations».

«Depuis ses débuts professionnels il y a huit ans, GYM a fait des investissements majeurs pour le développement, le classement international et la promotion de son boxeur, David Lemieux, qui l'ont conduit sur le pas d'un combat majeur de championnat du monde. C'est à ce moment même qu'il choisit de quitter GYM. Il s'agit là de faits inacceptables qui ne seront pas tolérés par GYM», tonne le promoteur.

GYM laisse désormais entendre qu'il pourrait poursuivre le clan Lemieux. «GYM a la ferme intention de faire respecter ses droits en vertu du contrat qui la lie à David Lemieux et de prendre toute mesure nécessaire pour ce faire», prévient le promoteur.

Le président de GYM, Yvon Michel, n'a pas rappelé La Presse lundi.

Estephan confiant

Pour sa part, Camille Estephan assure que son protégé a respecté son contrat avec GYM «à la lettre» et qu'il était tout à fait dans son droit de faire le saut chez Golden Boy.

«C'est vraiment dommage qu'ils amènent une querelle de contrat sur la place publique. Ce n'est vraiment pas professionnel», a-t-il déploré.

Joint par La Presse lundi, le président d'EOTTM a confirmé qu'une entente avait bel et bien été signée avec GYM en décembre 2011, mais qu'elle se terminait en décembre 2013. GYM détenait toutefois l'option d'égaler n'importe quelle offre soumise à Lemieux jusqu'en décembre 2014.

Durant cette période, Lemieux a reçu une première offre de 170 000$ de la part de HBO pour se battre au mois de mai dernier. GYM l'a égalée, de sorte que Lemieux s'est finalement battu à l'antenne de Showtime contre Fernando Guerrero, en sous-carte du duel entre Adonis Stevenson et Andrzej Fonfara, le 24 mai au Centre Bell.

Peu de temps après, HBO a soumis une deuxième offre à Lemieux. Cette fois, GYM a accepté de ne pas l'égaler, mais en échange, le boxeur a dû accepter de voir sa bourse réduite de moitié. Dans cette deuxième proposition, le rival de Lemieux avait pour nom Gabriel Rosado. Le Québécois lui a passé le K.-O. le 6 décembre, à New York, devenant du même coup l'un des noms les plus en vue de la boxe.

«Si, par exemple, votre employeur vous dit qu'il va vous donner un dollar, et qu'en fin de compte, il vous paie 50 cents, allez-vous être content?», a demandé Estephan.

Selon ce dernier, l'entente est devenue caduque à partir du moment où GYM a choisi de ne pas répliquer à la deuxième offre de HBO. Dans un communiqué envoyé en soirée, EOTTM affirme «qu'il n'y a jamais eu de renouvellement et même d'entente verbale ou écrite de la part d'Eye of the Tiger Management face au Groupe Yvon Michel», contrairement à ce que prétend GYM.

Estephan s'attend désormais à ce que l'affaire se retrouve effectivement devant un juge. Il a d'ailleurs dû couper court à la discussion avec La Presse en raison d'un appel de son avocat.

 «Je ne suis aucunement inquiet d'amener ça devant un juge, a-t-il dit. Nous allons faire tout ce qu'il faut légalement.»