«J'ai honte.» Olivier Aubin-Mercier avait un air piteux mercredi soir, presque autant que les entrailles du vieux Colisée de Québec où il s'adressait aux journalistes.

«On n'arrêtait pas de me comparer à Georges St-Pierre. Si je peux trouver un point positif à ma défaite, c'est que les gens vont finalement arrêter!» a-t-il lancé calmement, quelques minutes après sa défaite crève-coeur contre l'Ontarien Chad Laprise. 

Honte? Pourquoi aurait-il honte? Aubin-Mercier a livré mercredi soir son premier combat dans la prestigieuse UFC. Il a tenu tête à Laprise, un combattant plus expérimenté. Le pointage des juges témoigne du caractère serré du duel: deux ont donné la victoire à l'Ontarien (30-27, 29-28) et le troisième voyait Aubin-Mercier gagnant (29-28). Il s'est incliné par décision partagée.

La déception du combattant de 25 ans se comprend. Il était vu par plusieurs comme le successeur de St-Pierre. Mais il n'en avait pas le centième de l'expérience. Il s'est inscrit à la téléréalité L'Ultime combattant avec quatre combats professionnels sous la ceinture. Aubin-Mercier les avait tous remportés de manière expéditive. Son expérience du ring? Moins de six minutes. 

Sur la populaire série L'Ultime combattant, il s'est fait connaître d'un public américain. Il a défait deux Australiens. Il s'est mérité une place pour la finale disputée mercredi. S'il l'avait emporté, il aurait signé un contrat de plusieurs combats à l'UFC et touché un chèque «dans les six chiffres». L'enjeu était de taille.

«Je suis déçu. Mais je pense que j'ai encore ma place à l'UFC. Je veux prendre une pause et ensuite prendre du temps avant de combattre, a-t-il expliqué. Je veux comprendre ce qui s'est passé. Je veux me rebâtir et revenir plus fort.»

Il n'a pas caché qu'il aimerait faire son retour à l'octogone en décembre, alors que l'UFC sera de passage à Montréal. Sa défaite honorable ne devrait pas lui fermer de portes.

 

Petite foule à Québec

Que s'est-il passé pour que le talentueux combattant s'incline? Aubin-Mercier avait quelques réponses. «J'ai boxé plutôt que d'aller au sol, grosse erreur», a-t-il dit. Ses projections ne marchaient pas. Laprise était glissant. 

Mais ce qui est peut-être plus inquiétant, c'est que le Québécois a manqué d'énergie. Il aurait peut-être pu changer la décision des juges s'il n'avait pas fini ses rounds mollement. Il semblait exténué à la fin du combat. «Je ne sais pas pourquoi j'ai manqué de jus comme ça, je n'ai même pas eu de difficulté à couper le poids», a expliqué celui qui évolue normalement à 155 livres et se battait mercredi à 170.

Dans la défaite, Aubin-Mercier est resté lui-même. Franc et droit, il a concédé que Laprise méritait la victoire. À ce moment, on percevait la ressemblance à GSP que plusieurs voient en lui.  

Mais ça en prendra davantage pour qu'il comble une partie du vide laissé par le retrait de St-Pierre. Le grand champion se remet d'une opération à un genou. Il laisse planer le doute sur son avenir; il pourrait ne jamais combattre de nouveau. 

Dans la province, la popularité de l'UFC est liée à celle de GSP. Mercredi, à Québec, en l'absence de la tête d'affiche, il y avait, à vue d'oeil, 6000 spectateurs. Bien sûr c'était un mercredi soir. Bien sûr le Canadien jouait son premier match des séries. Mais il s'agit tout de même d'une foule très modeste, surtout qu'il s'agissait du premier passage de l'organisation dans la capitale nationale.

Dans les bureaux de UFC Canada, plusieurs devaient souhaiter secrètement qu'Olivier Aubin-Mercier l'emporte. Il est passé bien proche. Et il aura une deuxième chance.

***

Patrick Côté a marché vers l'octogone dans de drôles de souliers hier à Québec. Le combattant québécois a remporté ses deux derniers combats à l'UFC. Mais les deux fois, c'était dans la controverse.

Plusieurs croyaient que Bobby Voelker avait mérité la victoire il y a un an au Centre Bell. Quelques mois plus tôt, son adversaire s'était fait disqualifier pour des coups à la tête.

Mais hier soir, il n'y a pas eu de controverse. Le vétéran de 34 ans, qui effectue un retour à l'UFC après un purgatoire d'un an dans les ligues mineures, a clairement gagné son combat contre l'Australien Kyle Noke (20-7).

Côté (20-8) a habilement utilisé les failles de son adversaire. Noke a un très bon jeu au sol et un muay-thaï raffiné. Mais le Québécois a plusieurs fois saisi ses jambes pour le projeter au sol, l'immobiliser et le rouer de coups. C'est ainsi qu'il a remporté la victoire par décision unanime (29-28, 29-28, 30-27).

Avec trois victoires, Patrick Côté est sur une lancée. Il sera intéressant de voir quel adversaire l'attend pour son prochain combat.