C'est un sport coupe-gorge comme nul autre. Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. Un syndicat? Oubliez ça. Bien sûr, il y a Georges St-Pierre. Mais pour un GSP, il y a des centaines de combattants qui vivotent dans l'espoir d'un jour percer à l'UFC.

C'était le cas de Steve Bossé. Mais après dix ans à vivre de ses poings, l'ancien goon de la Ligue nord-américaine de hockey devenu combattant ultime est prêt à tourner la page. Steve Bossé prend sa retraite sportive.

Ce n'est pas qu'il n'aime plus son sport. C'est simplement qu'il en a assez des blessures, des sacrifices et des longs mois d'incertitude. «J'ai pris la décision de me retirer dans les derniers jours. Mon corps me parle. Il est temps que je prenne la bonne décision», a expliqué Bossé hier lors d'une entrevue avec La Presse.

L'athlète de 32 ans était pourtant si près du but. Début février, contre toute attente, il a reçu une offre pour un combat à l'UFC le 16 avril à Québec. Il aurait eu des raisons de refuser: son dernier combat remontait au mois de mai, il n'était pas entraîné, il a obtenu un emploi de pompier à Saint-Constant en janvier... Mais l'UFC, c'était son rêve. Il a dit oui.

Bossé a toutefois été rattrapé par les blessures. Celles qui font partie de sa vie depuis «qu'il la gagne avec ses poings», comme il le dit. Après quelques semaines d'entraînement, Bossé s'est blessé à l'épaule.

«Le médecin m'a offert de m'injecter de la cortisone, mais ça ne me tentait plus. Dans les dix dernières années, je me suis fait opérer quatre fois et j'ai subi une douzaine de fractures aux mains. Plus jeune, ça ne me dérangeait pas. Mais là, oui.»

Bossé, l'un des meilleurs combattants québécois en arts martiaux mixtes, a un drôle de parcours. Il a joué cinq saisons au hockey semi-professionnel, durant lesquelles il a livré un total ahurissant de 221 combats. Puis, un soir de 2007, un promoteur de combats ultimes est allé voir Bossé jouer à Saint-Jean-sur-Richelieu. L'aréna était plein à craquer. Bossé a gagné son combat par un K.-O. retentissant. Il s'est fait offrir d'essayer les arts martiaux mixtes.

De 2007 à mai 2013, il a livré 11 combats professionnels. Il en a remporté dix, dont neuf avant la limite. On le voyait comme l'un des meilleurs espoirs du sport au Québec. Mais son chemin vers l'UFC aura été tortueux. Il a signé cet hiver un contrat pour quatre combats avec l'organisation, qui pourrait donc lui offrir une autre chance de se battre. Mais si l'offre venait, il dit qu'il refuserait.

«Quand j'ai commencé le hockey, j'avais de la rage en dedans. Le sport m'a aidé à canaliser tout ça. Ç'a été ma thérapie. Aujourd'hui, la rage n'est plus en moi. Aujourd'hui, je vais bien. Je ne sens plus le besoin d'aller me battre, d'aller faire la guerre», dit-il.

Il veut aussi se concentrer sur sa carrière de pompier. «Autrefois, je n'avais rien d'autre dans ma vie. Aujourd'hui, j'ai autre chose», lance Bossé, qui a une copine depuis deux ans et rêve d'un jour fonder une famille.

Steve Bossé n'a pas de regrets. Il n'aura peut-être jamais atteint la LNH ni l'UFC. Mais pour lui, la route aura été plus importante que la destination. «Je suis fier du chemin parcouru, et c'est le plus important.»