Pendant des années, il a exigé ce combat contre Lucian Bute. Pendant des années, il a dû endurer les propos de ceux qui le jugeaient moins bon, moins technique, moins rapide que le boxeur d'origine roumaine.

Jean Pascal ne souffrait pas d'être le deuxième en ville. Et samedi soir au Centre Bell, Pascal a repris tous ses droits. Pendant 12 rounds, il a dominé Lucian Bute. Il l'a frappé à souhait. Il l'a acculé aux câbles. Il a neutralisé son adversaire pour remporter une décision unanime des juges (116-112, 117-110, 117-111).

Au début de la soirée, le favori de la foule de 20 479 spectateurs était Lucian Bute. Mais au fil des rounds, tout a changé. Les partisans du boxeur se sont tus. Les «Pascal» ont commencé à retentir dans l'aréna. 

«Je voulais montrer que je suis le meilleur en ville et ce soir je l'ai prouvé», a lancé Jean Pascal après sa victoire. 

Lucian Bute, quant à lui, n'a pas brillé. Ses coups étaient trop rares. Ses jabs semblaient sans force. Ses attaques manquaient de conviction. Après avoir perdu la presque totalité des premiers rounds, il a ouvert la machine trop tard. 

Le Bute des vieux jours semblait à des lieues du Centre Bell. L'ombre de Carl Froch plane encore au-dessus du boxeur. La question est désormais de savoir la trajectoire qu'il entend donner à sa carrière. L'entraîneur du boxeur, Stéphan Larouche, assure que les deux n'ont encore jamais parlé de retraite. La discussion aura peut-être maintenant lieu.

«Les choses ne sont pas allées comme je le souhaitais. Je suis très déçu, a réagi sur le ring Lucian Bute. J'ai commencé trop tard. Je suis très déçu.»

La suite?

Quelle suite pour le gagnant? Difficile à dire. Lucian Bute et Jean Pascal ont signé une clause revanche. Mais le gagnant peut, s'il le souhaite, livrer un autre combat avant de l'honorer. Dans les faits, la revanche pourrait se faire dans plusieurs mois. Si elle se fait.

Pascal est par ailleurs devenu aspirant obligatoire au titre WBC d'Adonis Stevenson. Mais le champion du monde ne sera pas tenu d'affronter son obligatoire avant 2015. 

Samedi au Centre Bell, Stevenson, devenu dans les derniers mois le boxeur le plus en vue en ville, n'a pas écarté un combat contre Pascal. «Peut-être en 2015, on verra bien», a-t-il laissé tomber. 

Une vieille rivalité

La rivalité entre les deux boxeurs est née il y a cinq ans. Pendant deux années de 2009 à 2011, les deux ont été simultanément champions du monde; Pascal au WBC et Bute à l'IBF.

La ville semblait alors trop petite pour les deux, au goût de Jean Pascal du moins. À cette époque, il a commencé à lancer des défis à son vis-à-vis avec la régularité d'un métronome. Lucian Bute s'est contenté de les ignorer. Parce qu'il avait de meilleures opportunités ailleurs selon son camp; parce qu'il était effrayé selon Pascal. 

Peu importe: après sa défaite contre Carl Froch en mai 2012, Lucian Bute a ouvert une porte. Les négociations pour ce méga-combat local ont commencé. Deux ans trop tard ont protesté les grincheux. 

Mais mieux vaut tard que jamais. Samedi, les amateurs de boxe de la province ont eu une réponse à la question qu'ils se posaient depuis si longtemps: qui est plus fort entre Pascal et Bute?