Jean Pascal ne prévoit pas gagner par K.-O. Il ne prévoit pas de victoire facile, expéditive ou humiliante contre Lucian Bute. Le boxeur et son entourage s'attendent plutôt à un duel chaudement disputé, à une «guerre mondiale», samedi soir, au Centre Bell.

Lors d'un entraînement public mardi au centre-ville de Montréal, Pascal n'a pas multiplié les déclarations-chocs. Il n'a pas fanfaronné. Il n'a pas bombé le torse. Pascal, en fait, est presque apparu humble. Il n'avait d'ostentatoire que le survêtement jaune fluo dans lequel il s'était encagoulé.

Lui et son équipe ont même multiplié les bons mots pour leur adversaire. «On n'a pas fait croire à Jean que ce serait un combat facile. On ne lui a pas fait croire que ce serait une répétition du combat de Bute contre Froch. On respecte beaucoup Lucian Bute, a lancé l'entraîneur Marc Ramsay. Je pense que ça va être un combat ardu. Mais on s'attend à gagner.»

«Bute est un grand boxeur, a quant à lui commenté le controversé préparateur physique de Pascal, Angel Heredia. Je ne crois pas à la théorie qui veut qu'il ait un menton de verre. Je sais que ce ne sera pas facile pour Jean malgré ce que plusieurs pensent.»

Pascal est le favori des parieurs. Il le sait. «Mais les preneurs aux livres se sont souvent trompés», rétorque-t-il.

On fait tout un plat de la défaite de Bute aux mains de Froch en mai 2012. Certains s'attendent à une répétition samedi soir. Ils pensent voir Pascal bondir sur Bute pour le liquider en quelques rounds. Mais le boxeur de Laval apporte des bémols.

«Je vais être honnête: je ne suis pas Carl Froch. Je n'ai pas sa puissance, je n'ai pas sa portée, a dit Pascal aux journalistes mardi. Je ne peux pas me permettre de me battre comme Carl Froch. Je vais me battre comme Jean Pascal.»

Pascal sera donc fidèle à son style. Selon son entraîneur, il dispose de plus de puissance et de vitesse que Bute.

L'entraîneur Stéphan Larouche répète que Pascal «est un boxeur de quatre rounds». Pourra-t-il tenir si le combat s'éternise? Son préparateur physique en est convaincu. «La partie la plus compliquée de mon travail, c'est de donner de la rapidité à un boxeur. Mais Pascal a déjà la vitesse, explique Angel Heredia. Améliorer son endurance, en comparaison, c'est beaucoup plus facile.»

Pour le respect et l'honneur

Jean Pascal était tout sourire mardi. Il a parlé maintes fois du bonheur qu'il éprouvait à l'idée de participer «à ce combat historique».

Et même s'il va empocher deux millions en bourse, l'enjeu dépasse largement l'argent. «Pour moi, ce combat n'est pas une histoire de gros sous, a-t-il dit. Ce combat est une question de respect et d'honneur.»

Pascal parle de respect car il estime, comme il le répète souvent, que les gens qui entourent Bute lui en ont manqué au fil des ans, notamment en affirmant que la foule sera derrière le boxeur d'origine roumaine samedi soir.

«D'après moi, la foule va être divisée. C'est un peu comme Canadien-Nordiques. InterBox dit que 75% de la foule va être derrière Bute, lance Pascal. Moi, tout ce que je souhaite, c'est qu'à la fin, après ma victoire, les gens se rangent derrière moi.»

Parfois, dans l'entretien qu'il a donné aux journalistes, le Jean Pascal orgueilleux prenait le dessus. Comme lorsqu'il a déclaré qu'il était le meilleur vendeur de la division des mi-lourds (175 livres) et qu'il faisait plus d'argent qu'Adonis Stevenson. «Stevenson doit faire quatre combats pour faire l'argent que je fais en un soir», a-t-il lancé.

Mais dans l'ensemble, l'ancien champion a adopté un profil bas, à des lieues de l'image de «baveux» qui lui colle à la peau. Choix tactique, ruse médiatique ou comportement authentique? Dur à dire.

On en saura davantage mercredi à la conférence de presse. Les deux boxeurs se retrouveront alors face à face. On verra à ce moment comment Jean Pascal entend mener la première ronde de sa «guerre mondiale» contre Lucian Bute.