Après son mentor Kristof Midoux, un autre proche de Georges St-Pierre l'enjoint à prendre sa retraite dès maintenant pour protéger sa santé. Il s'agit cette fois-ci de l'entraîneur Stéphan Larouche, qui lui conseille de tirer sa révérence avant que le sport «ne lui enlève sa vie».

«J'ai dit à Georges: "Si tu ne sors pas au bon moment, le sport de combat va t'enlever ta vie. Il va te l'enlever, et t'en auras plus, de vie"», a affirmé Larouche dans une entrevue avec La Presse. T'as beau avoir de l'argent, si tu n'as plus de cerveau, tu n'es plus rien. Les gens ne te respectent plus quand tu n'as plus de cerveau.»

St-Pierre a annoncé à la fin du mois de novembre son intention de prendre une pause. Sans parler de retraite, il dit avoir besoin de temps pour faire le point sur sa carrière. L'athlète de 32 ans n'écarte pas l'idée d'un retour. Mais un retour serait une grave erreur, selon Larouche.

«Je l'ai vu dans les derniers jours et on en a beaucoup parlé. Tout le monde le sait, moi, je suis catégoriquement opposé aux retours, note-t-il. J'ai fait une blague à Georges. Je lui ai dit: "Georges, si jamais tu décides de faire un retour, le dernier que t'appelles, c'est moi."»

Larouche, qui est l'entraîneur de Lucian Bute, travaille aussi avec St-Pierre depuis quelques combats. Il est chargé de perfectionner sa boxe. Même s'il adore ce rôle, il espère ne plus jamais devoir préparer l'ancien champion de l'UFC pour un combat.

«Je lui dis: "Qu'est-ce que tu peux réussir de plus? Tu as de l'argent. Tu es en santé. T'es parti sur une victoire. Si jamais tu revenais et tu perdais ton combat de retour, est-ce que tu te retirerais sur une défaite? Non, tu continuerais, raconte Larouche. Et là tu ne serais plus le même homme. Et les jeunes vont arriver plus fort. C'est un méchant engrenage."»

L'entraîneur dit avoir beaucoup de respect pour les athlètes qui résistent à l'idée d'un retour. Il cite le cas des boxeurs Lennox Lewis et Marvin Hagler.

«Quand tu sers la main à ces gars-là, aujourd'hui, ils te regardent dans les yeux et ils ont le regard clair. Ils sont présents. Ils ne sont pas affectés par le sport, dit-il. J'invite les athlètes à aller faire un tour au Temple de la renommée de la boxe. Ils vont voir ce qui arrive à leurs idoles quand elles restent là trop longtemps.»

Une sortie publique demain

Voilà les mots durs et lucides d'un homme de boxe. Georges St-Pierre saura-t-il les entendre? Déjà, dans une entrevue avec La Presse, le mentor et premier entraîneur de l'athlète l'avait enjoint à prendre sa retraite.

Quelques jours avant son combat du 16 novembre contre Johny Hendricks, Kristof Midoux disait avoir conseillé à St-Pierre d'annoncer sa retraite dans l'arène. «Je lui dis: "Finis bien, Georges, et aie le courage de prendre ce micro et de dire merci à tout le monde." Ceux qui ne comprendraient pas sont ceux qui n'ont rien à comprendre, ceux qui sont égoïstes. Il est temps qu'il pense à lui. C'est le plus beau cadeau qu'il puisse se faire. Il pourrait profiter de la vie, faire sa famille», disait alors Midoux.

Après sa victoire controversée, St-Pierre n'avait pas annoncé sa retraite, mais plutôt une pause d'une longueur indéterminée. Il a confirmé ses intentions lors d'une conférence de presse quelques semaines plus tard à Québec.

St-Pierre a ensuite gardé le silence. Il a passé les Fêtes avec sa famille, sur la Rive-Sud.

Mais on pourrait en savoir davantage demain. L'ancien champion fera alors une rare sortie publique. St-Pierre participera à une conférence de presse pour annoncer un partenariat avec la Fondation de l'athlète d'excellence du Québec. Les médias présents vont sans aucun doute lui demander où en est sa réflexion.