Tony Bellew a mis les gants avec de «solides gaillards» dans sa carrière, mais il n'avait jamais senti une force de frappe comme celle d'Adonis Stevenson.

«C'est curieux, parce que j'arrivais à le voir venir. Mais il a une puissance que je n'avais jamais ressentie avant. Ses coups sont lourds et sourds plutôt que vites et secs», raconte celui qui a perdu au 6e round.

«Je me suis fait frapper par de solides gaillards dans le passé, je pense à David Haye, mais c'est une puissance différente. Haye a beaucoup de vitesse. Mais les coups de Stevenson sont lourds comme une massue. Avec d'autres gars, c'est comme recevoir un coup de marteau. Avec Stevenson, ça ressemble à une masse.»

Il ajoute que le champion WBC des mi-lourds est «très difficile à frapper». Les chiffres en témoignent. Bellew a envoyé 165 coups avant de se faire passer le K.-O.; seuls 36 d'entre eux ont touché la cible pour un taux d'efficacité maigrichon de 22%. Stevenson a, quant à lui, atteint son adversaire avec 33% de ses frappes (81 sur 249).

La classe dans la défaite

L'Anglais de Liverpool avait un oeil au beurre noir après le combat. Il se promenait dans les entrailles du Colisée avec une tuque vissée jusqu'aux sourcils et la mine basse. «Mon rêve de devenir champion vient de s'envoler», a dit Bellew.

Mais il a répondu aux questions de La Presse de bon coeur. Dernièrement, plusieurs boxeurs vaincus par Stevenson ont évité les médias au sortir du ring, notamment Tavoris Cloud et Chad Dawson. Bellew n'est pas de cette trempe.

Ce n'est pas dans les jours avant un duel qu'on reconnaît le caractère d'un boxeur. Il est souvent noyé dans le cirque de la promotion et le cycle lassant des déclarations-chocs. Le boxeur se révèle dans la victoire, mais surtout dans la défaite.

«Mon plan était de l'amener dans les derniers rounds et de l'arrêter, mais ça n'a pas marché. Bonne chance à lui. Le meilleur boxeur l'a emporté», a lancé Bellew.

L'Anglais a tourné les talons et rejoint son entourage. Ils l'ont accueilli d'une tape dans le dos. «Tu vas t'en remettre, mate», a lancé un Britannique au crâne rasé et à la mine patibulaire.