Mikaël Zewski ne s'en fait pas avec les «critiqueux», les «chialeux» et tous ceux qui, comme un disque qui saute, lui répètent qu'en 21 combats professionnels, il n'a affronté personne qui vaille.

Zewski, l'un des boxeurs les plus prometteurs au pays, se contente de hausser les épaules. «Je ne stagne pas. À chaque combat, je m'améliore, peu importe l'adversaire, fait valoir l'athlète de 24 ans. Avec des gants plus petits en combat, tout peut arriver. Chaque adversaire est sérieux quand on a des huit onces dans les mains. Ça prend juste un coup de poing pour changer une carrière au complet.»

Demain soir, Zewski (21-0, 16 K.-O.) va monter sur le ring avec Ryan Davis (24-11, 9 K.-O.) au Colisée à Québec. Son adversaire a perdu trois de ses quatre derniers combats. «Mais il vient d'East St. Louis. C'est un dur et il ne vient pas ici pour mettre le genou au tapis au premier round», fait-il valoir.

N'empêche. La fiche de Davis donnera des munitions aux gérants d'estrade. Certains aimeront souligner que plusieurs boxeurs sont plus vite en affaires que Zewski. À titre d'exemple, Jean Pascal affrontait Carl Froch à son 22e combat professionnel.

Mais la voie plus lente a aussi ses partisans. Il s'agit tout simplement d'une stratégie différente et elle vaut bien les autres, soutient Zewski. L'un des boxeurs de l'heure, Julio Cesar Chavez fils, affrontait à son 22e combat un inconnu avec 9 victoires et 4 défaites...

La différence se situe, selon Zewski, entre les modèles québécois et américain. Le public d'ici est plus habitué au premier, mais lui mène sa carrière selon le second, puisqu'il fait affaire avec le gérant américain Cameron Dunkin.

«Aux États-Unis, l'évolution d'une carrière ne se fait pas comme ici. Au Québec, on doit monter les échelons, devenir champion canadien, champion nord-américain, puis monter dans les classements, dit-il. Aux États, on reste le plus low profile possible parce que sinon, ça devient difficile de trouver un adversaire. Puis à un moment donné vient l'occasion d'aller sur HBO et là, ça monte en flèche par la suite.»

C'est la route qu'emprunte le boxeur de Trois-Rivières. Il devrait donc se mesurer à des adversaires moins redoutables jusqu'à ce que la chance d'un gros combat se présente. N'a-t-il pas peur de manquer d'expérience le grand soir venu? Pas un instant.

«Je suis prêt à de gros combats. J'ai eu une bonne carrière amateur. Ce n'est pas comme si j'avais livré seulement 10 combats chez les amateurs...», lance celui qui a accumulé 139 victoires et 28 défaites dans les rangs amateurs.

«Oui, j'apprends à chaque combat, mais je n'ai pas besoin d'y aller étape par étape. Je n'ai pas peur. Quand je vais avoir un défi devant moi, je pense que je vais être en mesure de le relever.»

À chacun sa recette. Mikaël Zewski a la sienne. Seul l'avenir dira si c'était la bonne.