Georges St-Pierre doit tout donner pour démolir Johny Hendricks samedi soir à Las Vegas. Puis, il doit prendre le micro et annoncer sa retraite dans l'arène. À l'âge de 32 ans, il est temps pour lui de tourner la page et de fonder une famille avant qu'il ne soit trop tard. Voilà ce que lui conseille son mentor, Kristof Midoux.

Les propos de Midoux vont alimenter les rumeurs de retraite imminente pour St-Pierre. L'ami et mentor, qui a pris le Québécois sous son aile quand il n'avait que 16 ans et exerce sur lui une grande influence, n'a qu'un conseil pour GSP : tout laisser dans l'arène le 16 novembre contre Hendricks et partir la tête haute, au sommet de la gloire.

«Moi, je lui dis : après celui-là, c'est fini ! Brille ce soir-là. Finis ce mec devant tout le monde. Fais fermer la gueule de tes détracteurs. Si tu finis ce gars-là, si tu lui passes le K.-O., alors tu vas être libéré, tu vas être heureux de prendre le micro et de dire que tu arrêtes. De dire que tu laisses la place à d'autres», a déclaré Kristof Midoux dans une longue entrevue avec La Presse.

«Je lui dis : finis bien, Georges et aie le courage de prendre ce micro et de dire merci à tout le monde. Ceux qui ne comprendraient pas sont ceux qui n'ont rien à comprendre, ceux qui sont égoïstes. Il est temps qu'il pense à lui. C'est le plus beau cadeau qu'il puisse se faire. Il pourrait profiter de la vie, faire sa famille.»

Midoux est arrivé à Montréal cette semaine en prévision de l'UFC 167. Comme avant tous les combats de son protégé, il vit dans son appartement et le suit partout. Les deux hommes ont discuté de retraite. Reste à savoir si les choses se dérouleront comme le rêve le mentor. Y a-t-il des chances que St-Pierre l'écoute et fasse ses adieux samedi en plein octogone ? Midoux répond «oui».

«Moi, j'aimerais que ça se passe comme ça. J'aimerais vraiment qu'il ne fasse pas l'erreur de tant de combattants. Je ne voudrais pas qu'il se rende à 35 ans, dit-il. Il a des projets.»

Le temps de la famille

Midoux joue le rôle de mentor depuis plus de 15 ans auprès de St-Pierre. Il se rappelle lui avoir donné un conseil très simple il y a plusieurs années : ne pas fonder de famille avant la retraite.

«Je lui avais dit d'être égoïste. Ce n'est pas vrai que tu peux avoir une famille, des enfants et être au plus haut niveau. Il m'a écouté. Si Georges veut vraiment faire sa famille, il va devoir la faire après sa carrière, note Midoux. À 32 ans, c'est le bon âge.»

Selon lui, St-Pierre a eu «la meilleure carrière au monde». Le temps est venu pour lui de devenir «le meilleur père au monde». «Les gens veulent le voir dans la cage jusqu'à 40 ans, mais à 40 ans, il va être un ringard, pas de femme, pas d'enfants», estime le mentor.

Le mystère reste entier quant aux intentions de Georges St-Pierre. Lorsqu'on lui pose la question, il assure se concentrer sur Hendricks sans penser à la suite. «Il y a un grand trou noir après le combat du 16 novembre», répond-il dans le langage de celui qui ne ferme aucune porte.

Dans les dernières années, St-Pierre n'a jamais caché vouloir partir au sommet. Il se dit conscient des dangers de son sport. Il sait que ceux qui s'accrochent trop longtemps subissent souvent des dommages irréversibles. «Après ma carrière, je veux vivre vieux, je veux avoir une famille. Je veux pouvoir jouer avec mes enfants, note St-Pierre. Je ne veux pas, rendu à 60 ans, être tout cassé en morceaux. Ce n'est pas moi, ça.»

Laisser la place aux autres

En plus de fonder une famille, Midoux explique que St-Pierre voudrait bien ouvrir une école d'arts martiaux. «Il m'en a parlé l'autre jour, je lui ai dit de se concentrer sur Hendricks et qu'on en reparlerait après», dit-il.

St-Pierre aurait donc bien des projets en tête : une famille, une école. Mais selon Midoux, il aurait une raison supplémentaire d'annoncer sa retraite samedi soir : afin de laisser la place à son ami et partenaire d'entraînement Rory MacDonald.

Le Montréalais de 24 ans, originaire de la Colombie-Britannique, se rapproche de plus en plus du titre de St-Pierre. Il est perçu comme son successeur légitime dans la catégorie des mi-moyens (170 livres) de l'UFC. Or, les deux hommes ont dit à plusieurs reprises qu'ils n'avaient aucune intention de se battre.

«Rory est capable de devenir champion. Et Rory ne voudra jamais affronter Georges parce qu'ils sont amis, explique Kristof Midoux. Alors je dis à Georges : par respect, n'empêche pas ce gars-là de monter. Ta carrière est faite.»

MacDonald combat en sous-carte du choc St-Pierre-Hendricks. Il sera donc présent au MGM Grand de Las Vegas. Midoux rêve que St-Pierre et MacDonald remportent tous deux leur combat, puis que le Québécois «passe le flambeau».

«Serre-lui la main samedi soir et cède-lui la place. Tu n'as plus besoin de ça pour vivre. Passe le flambeau à la prochaine génération, exhorte Midoux. Aide Rory à devenir champion pour montrer que les Canadiens dominent cette catégorie. Ce serait intelligent. Ce serait généreux et Georges est généreux.»

L'opinion de Midoux pèse-t-elle assez lourd pour convaincre St-Pierre de se retirer au jeune âge de 32 ans, au sommet de sa carrière et alors qu'il est encore champion ? On le verra samedi soir.

Il y a quelques mois, le combattant parlait de Midoux à l'auteur de ces lignes. «Kristof m'a tout appris. Il m'a fait devenir l'homme que je suis», disait-il.

Kristof Midoux a maintenant une dernière leçon à donner à Georges St-Pierre, peut-être la plus difficile d'entre toutes pour un athlète : comment tourner la page.