La poussière n'était pas encore retombée au Centre Bell, les yeux de Tavoris Cloud n'avaient pas encore désenflé que déjà Adonis Stevenson pensait à son avenir. Cet avenir, le champion du monde le voit brillant et passant par nul autre que Bernard Hopkins.

Le Montréalais sait d'ores et déjà qu'il va devoir défendre son titre WBC des mi-lourds (175 lb) contre son aspirant obligatoire, Tony Bellew. Le combat doit avoir lieu le 30 novembre à Québec, puisque le Centre Bell n'est pas disponible. Le promoteur Yvon Michel espère finaliser les détails avant mercredi.

Normalement, un boxeur ne pense pas plus loin que son prochain adversaire. Mais Adonis Stevenson est sur une lancée qui n'a plus rien de normale. L'idée qu'il perde contre Bellew semble aussi étrangère à son entourage que l'idée de voir le ciel lui tomber sur la tête.

«Ouais, Bellew dit qu'il va venir au Québec et repartir avec la ceinture, a expliqué Stevenson en entrevue dimanche, avec un air de dédain. Cloud disait ça aussi et on a vu avec quoi il est reparti.»

Cloud est en effet plutôt reparti en Floride avec deux yeux boursouflés, 11 points de suture et l'os orbital droit possiblement fracturé. Adonis Stevenson lui a donné une leçon de boxe samedi soir au Centre Bell, à tel point que le coin de l'Américain a choisi de jeter l'éponge après le 7e round. C'était la première fois que Cloud perdait avant la limite.

Après une hypothétique victoire en novembre contre Bellew, Stevenson aurait droit à un an de liberté avant sa prochaine défense obligatoire, selon les règles du WBC. Il pourrait donc choisir l'adversaire de renom qui lui plaît.

Qui serait l'heureux élu? Selon le promoteur Yvon Michel, il faut oublier la sensation de l'heure Sergeï Kovalev, mais plutôt regarder vers le vétéran de 48 ans Bernard Hopkins (53-6-2, 32 K.-O.).

«On vise Hopkins. C'est le combat qui va intéresser les gens. C'est le combat qui va faire l'histoire, croit Michel. Si on ne fait pas Stevenson-Hopkins maintenant, on ne le fera jamais.»

Le promoteur a aussi mentionné les noms de Carl Froch et d'Andre Ward. Mais si Hopkins défend son titre avec succès le 26 octobre contre Karo Murat (25-1-1, 15 K.-O.), il sera le candidat numéro un.

Ce serait un premier combat au Québec pour l'Américain depuis sa victoire de mai 2011 en championnat du monde contre Jean Pascal.

«Stevenson n'est pas Tyson»

Mais en attendant, Stevenson devra battre Tony Bellew (20-1-1, 12 K.-O.). Le grand Britannique était d'ailleurs au Centre Bell samedi soir et semblait confiant comme pas un malgré la destruction à laquelle il venait d'assister.

«Cloud ne s'est battu qu'à un bras et n'avait aucun plan de match. Moi, je mesure 6'3. Je suis un costaud de mi-lourd, a fait valoir Bellew en entrevue. Je sais comment établir un plan de match et le suivre. Il va être surpris.»

«Je vais revenir ici et repartir avec les ceintures, a-t-il ajouté. Il ne peut pas me battre, il est trop petit. Il a un style classique de contre-puncheur. Je ne vais pas lui donner les ouvertures que Cloud lui a données, c'est aussi simple que ça. On va voir comment Stevenson va réagir.»

Tony Bellew estime que Stevenson est battable. «HBO nous le présente comme le prochain Mike Tyson, mais il est loin de ça!»

L'aspirant en avait aussi contre la foule montréalaise - «il n'y avait pas 9000 spectateurs ici ce soir, mon cul» - et le Centre Bell - «c'est le mieux qu'on fait en terme d'amphithéâtre, ici?»

«Ces deux-là, ça va être facile qu'ils ne s'aiment pas, note Yvon Michel en parlant de Bellew et de son poulain. Adonis fronce les sourcils chaque fois que j'en parle.»