Arturo Gatti n'était pas raisonnable sur un ring. La boxe consiste «à donner des coups sans en prendre». De cet adage, le Montréalais n'avait retenu que la première partie.

Son penchant pour la guerre, sa capacité à tout laisser entre les câbles, son coeur et du sang compris, seront célébrés demain. Le nom de Gatti va faire son entrée au Temple de la renommée de la boxe, vers 14h30 à Canastota, dans l'État de New York. Le boxeur mort dans des circonstances troubles le 11 juillet 2009 va devenir le premier Québécois à recevoir cet honneur.

L'entrée de Gatti au Temple fait débat dans les cercles de la boxe. Plusieurs estiment que le boxeur n'avait pas un CV assez étoffé pour figurer parmi les plus grands noms du sport: Sugar Ray Robinson, Jake LaMotta, Muhammad Ali...

«Je pense que Gatti a beaucoup fait pour les fans et pour le sport. À un moment, au début des années 2000, il a porté la boxe à bouts de bras, note l'analyste américain Al Bernstein. Mais je ne crois pas qu'on entre au Temple pour services rendus. Le Temple doit récompenser le talent. Mais Gatti n'était pas un diamant. Simplement un bon boxeur avec un énorme coeur.»

Bernstein a voté contre l'admission de Gatti au Temple. La majorité des électeurs a toutefois voté en sa faveur. Pour plaider sa cause, les partisans de Gatti ont pu évoquer ses deux titres de champion du monde. Mais ce sont surtout les quatre combats de l'année auxquels il a participé qui lui ont ouvert les portes du Temple.

«Être dans son coin était excitant. C'était fou, c'était brut», raconte Buddy McGirt, qui a été son entraîneur pendant quatre ans et dix combats. «J'ai essayé d'en faire un boxeur plus tactique. Mais il me disait: «Les gens aiment me voir boxer comme ça!» J'ai essayé de lui dire que ce n'étaient pas les spectateurs qui prenaient les coups. Il ne voulait rien savoir.»

McGirt estime que son ancien protégé mérite sa place au Temple parce qu'il n'hésitait pas à tout laisser sur un ring. «Il n'y a plus de boxeur comme lui. Il y a eu Edwin Valero, mais il est mort maintenant», lance l'entraîneur.

Une célèbre trilogie

On célèbre ce mois-ci le 10e anniversaire de sa trilogie contre Micky Ward, le boxeur dont la vie a été portée à l'écran dans The Fighter. Lors de leur premier combat en 2002, l'analyste Larry Merchant s'est répandu en éloges sur les ondes de HBO.

«Pour Gatti et Ward, le seul titre qui veut dire quelque chose est le titre de «guerrier» «, a lancé Merchant après 10 rounds d'une boxe rugueuse, furieuse et sans concession.

«Les boxeurs s'engagent dans une vie de souffrances et de combats, de risques et de récompenses, a-t-il ajouté. Ceux qui honorent cet engagement sont ceux qui nous divertissent comme Arturo Gatti.»

La «vie de souffrances et de combats» d'Arturo Gatti s'est arrêtée brusquement à 37 ans. La boxe va lui rendre hommage demain. Micky Ward sera là, à Canastota, pour voir le guerrier entrer au Temple.