Chad Dawson et Montréal n'ont pas un bon karma. L'Américain était un jeune boxeur invaincu quand il a mis les pieds dans la métropole en août 2010. On parlait de lui comme de l'un des meilleurs boxeurs livre-pour-livre de la planète.

Puis son combat contre Jean Pascal s'est terminé par une défaite et une controverse. Le Québécois avait gagné les premiers rounds quand Dawson a pris le contrôle du combat. «J'étais en train de le knocker», se rappelle Dawson, quand un coup de tête accidentel a mis fin au combat à la 11e reprise. Il a perdu le duel par décision des juges.

De retour à Montréal près de trois ans plus tard, Dawson espère remettre le compteur à zéro. Contre Adonis Stevenson samedi soir au Centre Bell, le boxeur ne veut rien laisser au hasard et entre les mains des juges et de l'arbitre. Le clan Dawson affirme ouvertement ne pas faire confiance aux officiels locaux.



«Ma première fois à Montréal ç'a été une mauvaise expérience. Je sais que Pascal ne serait pas sorti vivant du 11e round. J'ai trouvé que l'arbitre avait arrêté le combat prématurément. Là, je dois gagner de manière décisive, lance Dawson. Je dois montrer à la foule et aux juges que je suis l'agresseur, que je contrôle le combat et que je remporte les rounds.»

Son entraîneur est plus cinglant. «Je ne fais pas confiance aux juges ici. Ils ont une réputation et je les ai vus aller de mes yeux vus, raconte Eddie Mustafa, qui était dans le coin de Dawson en août 2010. Alors on veut battre Stevenson à chaque round pour s'assurer que l'arbitre ne puisse pas s'en mêler comme ç'a été le cas contre Pascal. Je sais comment ils travaillent ici.»

Une menace à 175 livres

Chad Dawson a connu une drôle de trajectoire depuis ce jour d'août 2010 où il a perdu contre Pascal. Il a battu coup sur coup Adrian Diaconu puis Bernard Hopkins. Son dernier combat, en septembre, s'est soldé par une défaite difficile par K.-O. technique contre l'invaincu Andre Ward.

Dawson avait accepté de descendre à 168 livres pour ce combat. «C'était une erreur», reconnaît-il aujourd'hui. Pour refaire sa confiance, Eddie Mustafa a tenté de convaincre son protégé que la perte de poids l'avait tué. «Je lui ai expliqué que le combat était à 168 livres, mais qu'à 175 livres il était imbattable», raconte Mustafa.

Force est de constater que Dawson est en effet dur à battre à 175 livres. Jean Pascal est le seul à avoir réussi l'exploit - dans les circonstances que l'on sait. «Son plus grand défaut à Stevenson, c'est qu'il n'a jamais affronté un boxeur de mon niveau, lance Dawson. Je suis grand, avec une bonne portée, je roule avec les coups, je me déplace, je suis agile... Il n'a jamais rien vu de tel. Regarde sa fiche... Qui sont ces gars qu'il a battus? Des inconnus. Il a 35 ans et j'en ai 30. Je suis avantagé à tous points de vue.»



Les preneurs aux livres donnent raison à Dawson et le favorisent largement; jusqu'à huit contre un dans certains cas. Réussira-t-il à régler ses comptes avec Montréal samedi soir? Le champion du monde WBC à 175 livres, qui met son titre en jeu, n'en doute pas un instant.

«Moi et mon équipe n'avons aucun doute. Nous allons l'emporter, dit-il. C'est un sentiment incroyable de s'engager dans un combat sans avoir aucun doute.»