Pour une rare fois, hier, Lucian Bute n'a pas mis de gants blancs en entrevue. Selon lui, Jean Pascal est un «boxeur de quatre rounds» et il manque de cardio. «Il ne pourra pas suivre le rythme le 25 mai», prévient le Québécois, rencontré en Floride. Entretien.

Q: Pour ce combat contre Jean Pascal, es-tu plus motivé qu'à l'habitude?

R: Oui, la motivation est différente. Ça fait des années que je ne me suis pas senti comme ça. La dernière fois, c'était en 2009 pour ma revanche contre Librado Andrade. Ça m'a manqué. Là, j'ai du feu dans les yeux. Quand j'entre au gymnase, dans ma tête, il y a Jean Pascal. Des fois, je me surprends à visualiser le combat. Ça m'arrive même à table quand on mange! Parfois, je ne suis plus là; je suis déjà dans mon combat.

Q: Pourquoi cet affrontement est-il plus significatif pour toi?

R: Ça fait des années que Jean Pascal parle de moi. Il a dit du mal de moi. Il a dit que j'avais peur de l'affronter, que je devais ce combat aux fans du Québec.

Q: Jean Pascal projette peut-être plus que toi une image de confiance. Comment l'expliques-tu?

R: Ça, c'est de la promotion, du marketing. Jean aime parler. Moi, je sais que j'ai un travail à faire le 25 mai. Mon travail sera de gagner le combat et, ce jour-là, je vais être un gars très méchant. Je suis capable. Hors du ring, je suis gentil avec tout le monde. C'est ma personnalité. Mais sur le ring, c'est ma carrière, c'est mon avenir en jeu, et je vais tout faire pour gagner.

Q: Quels sont tes atouts contre Pascal?

R: Mon intelligence sur le ring, ma technique, ma vitesse et ma condition physique. Je pense que je vais être supérieur à lui et qu'il ne pourra pas suivre le rythme. C'est un gars de quatre rounds et de 1:30 par round. Il peut s'entraîner avec n'importe qui, avec Angel Heredia ou peu importe, ça ne changera rien le 25 mai. Il va boxer quatre rounds, puis après, il va essayer de finir les rounds en force pour les gagner. Moi, je vais tout donner. C'est ma carrière qui est en jeu.

Q: Comment compares-tu ton camp d'entraînement pour te préparer à Carl Froch à celui que tu vis actuellement?

R: Les combats contre Carl Froch et Jean Pascal sont incomparables. Lorsque j'ai affronté Carl Froch, j'étais invaincu, je ne connaissais pas la défaite. Je l'ai connue en Angleterre. J'ai passé des moments difficiles. J'ai perdu ma confiance, mais je commence à la retrouver. Ça va de mieux en mieux. Ça fait du bien de s'inquiéter un peu. Au lieu d'être sûr à 100% de gagner, de l'être à 90%. C'est mieux de garder un petit doute. C'est la boxe. Un coup de poing peut tout changer.

Q: Pourquoi as-tu senti que le temps d'un combat contre Pascal était venu? Pourquoi pas dans trois ou quatre ans, par exemple?

R: J'ai 33 ans! Dans quatre ans, j'en aurai 37. Je ne pense pas que je vais encore faire de la boxe à cet âge-là. Je pense que c'était le bon moment.

Q: La transition entre les super-moyens (168 lb) et les mi-lourds (175 lb) se passe bien?

R: C'est plus facile psychologiquement. Même si je me réveille à 180 lb le matin, je ne stresse pas, je sais que je vais facilement me rendre à 175 pour le combat. Je sais aussi que je vais être plus fort dans les jambes, dans les bras aussi. Psychologiquement, je préfère cette limite de poids.

Q: Tu as un printemps occupé. Tu te maries en Roumanie le 15 juin. Un combat et un mariage à préparer, ça fait beaucoup...

R: Ma fiancée s'en occupe. Elle est en Roumanie. Elle, elle prépare le mariage. Moi, je prépare mon combat. Je n'ai qu'à me présenter en habit le jour du mariage et ça va être correct!