Kevin Bizier a finalement refusé l'offre d'un combat de championnat IBF contre Devon Alexander, le 18 mai. La proposition était alléchante. Mais elle est venue trop tard au goût du boxeur et de son entourage. Un autre élément a aussi pesé dans la balance: l'horaire chargé de l'entraîneur Marc Ramsay ce printemps.

«Kevin voulait absolument se préparer à 100% avec Marc s'il allait en championnat du monde, explique le promoteur Yvon Michel. Disons qu'avec l'horaire de Marc ce printemps, c'était impensable.»

Marc Ramsay est l'un des entraîneurs de boxe les plus occupés du moment. Ses poulains ont à peu près tous des combats d'envergure à venir dans les prochaines semaines. Antonin Décarie va affronter Luis Abregu le 27 avril, en Argentine. Jean Pascal se mesurera à Lucian Bute le 25 mai. Le même soir, au Centre Bell, Eleider Alvarez sera en action. David Lemieux va pour sa part monter sur le ring le 8 juin, toujours au Centre Bell.

«Je ne vais surtout pas me plaindre, dit le principal intéressé. En boxe, on travaille pour ça pendant des années. Un entraîneur veut préparer ses gars pour les grands combats.»

Ramsay insiste pour dire que même s'il avait été entièrement disponible, ils auraient probablement refusé le combat du 18 mai. La raison? Il faut, selon lui, au moins huit semaines pour préparer un combat de championnat du monde, et l'offre de dernière minute ne laissait tout simplement pas assez de temps à Kevin Bizier.

L'entraîneur ne croit pas non plus être trop chargé pour le bien de ses boxeurs. «Les gens semblent trouver que c'est une situation exceptionnelle. Mais quand on regarde de grands entraîneurs internationaux, c'est souvent comme ça pour eux. Freddie Roach travaille tout le temps avec plein de boxeurs qui ont de grands combats à préparer, note Ramsay. Même chose pour Emanuel Steward. Quand il entraînait Adonis Stevenson, il partait parfois en Europe pour le camp de Wladimir Klitschko.»

Vivre de son métier

N'empêche, l'horaire de l'homme de boxe est compliqué. Ramsay revient tout juste de deux semaines à Las Vegas. «J'ai installé Jean Pascal avec deux de mes assistants pour m'assurer que les choses roulent bien.»

Il est revenu à Montréal pour reprendre l'entraînement auprès de Décarie. Il quitte dimanche pour l'Argentine puis, le lendemain du combat du 27 avril, s'envole pour Las Vegas. Pascal et lui vont rentrer à Montréal au mois de mai, avant le combat du 25.

Ce calendrier plaît à Ramsay, qui a passé de longues années à entraîner à temps partiel, ayant un boulot «alimentaire» pour boucler les fins de mois. Après 18 ans en tant qu'entraîneur, il vit enfin à temps plein de son métier.

Quant à Kevin Bizier, il va finalement livrer un combat moins prestigieux, le 25 mai, en sous-carte de Pascal-Bute.

«Kevin est jeune et a tellement de talent, dit Yvon Michel. Pour lui, ce n'est que partie remise.»