Des contrôles antidopage auront finalement lieu en vue du combat du 25 mai entre Lucian Bute et Jean Pascal. Après des semaines d'efforts, les promoteurs des deux boxeurs ont annoncé mardi s'être entendus avec une agence antidopage.

«Le programme qui s'inspire des meilleures pratiques de l'industrie prévoit des contrôles inopinés pour chacun des boxeurs avant, pendant et après le combat», précise le communiqué envoyé en fin de journée.

Les promoteurs refusent toutefois de dévoiler le nom de l'agence qui sera chargée des contrôles. «À la demande des organismes impliqués dans les procédures, les démarches et les intervenants resteront confidentiels», font valoir InterBox et le Groupe Yvon Michel (GYM).

Pourquoi ce secret? Dur à dire. On sait que Bute et Pascal ont tous deux accepté la semaine dernière de se soumettre à des contrôles menés par l'entreprise suédoise International Doping Tests&Management (IDTM). Selon nos informations, tous les produits bannis par l'Agence mondiale antidopage seront visés par les tests, qui dureront un an et couvriront une revanche.

La nouvelle représente un pas en avant pour la boxe québécoise. Pour une rare fois, des boxeurs d'ici vont subir des contrôles inopinés. Les athlètes et les promoteurs méritent d'être applaudis.

Mais si l'effort est louable, plusieurs questions restent en suspens. La plus importante: qui s'occupera des résultats et des sanctions? Car si une agence indépendante et crédible se charge de recueillir les résultats, si des laboratoires certifiés sont responsables de l'analyse, on ne sait toujours pas ce qu'il adviendra des résultats.

Dans un scénario d'abord envisagé, c'étaient GYM et InterBox eux-mêmes qui s'occupaient de ce qu'on appelle dans le jargon «la gestion des résultats». Les promoteurs devenaient en quelque sorte juges et parties. Que serait-il advenu en cas de test positif? Les promoteurs l'auraient-ils rendu public? Auraient-ils décidé d'annuler le combat du 25 mai - dont le guichet surpasse les 4 millions - parce que des traces minimes de substances dopantes avaient été décelées chez un boxeur?

On ne connaît pas encore la solution qui a été retenue pour gérer les résultats. Le communiqué n'en faisait pas mention, mais précisait que «les deux promoteurs ainsi que les deux boxeurs n'émettront aucun commentaire sur les procédures d'antidopage».

La spécialiste Christiane Ayotte a bien suivi l'évolution de ce dossier. Elle a d'ailleurs déconseillé au Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES) de s'occuper du combat du 25 mai. «C'est une question de crédibilité pour le CCES, explique Mme Ayotte. Dans ce cas-ci, la gestion des résultats semble problématique.»

Mais GYM et InterBox ne sont pas à blâmer. Les promoteurs auraient aimé que la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJ) soit responsable de recevoir les résultats et d'appliquer les sanctions. Mais la Régie a refusé, faisant valoir que sa réglementation ne prévoyait rien à cet effet.

La Régie est chargée de la protection des boxeurs. C'est donc elle qui s'occupe de l'antidopage en boxe. Mais sa réglementation ne prévoit qu'un seul test antidopage, le jour du combat. Il s'agit d'une méthode inefficace, puisque les combattants qui trichent le font généralement durant leur camp d'entraînement. Sans surprise, la Régie n'a jamais déterré un seul cas de dopage.

«Pourquoi la Régie ne s'occupe pas de l'antidopage pour ce combat?, demande Mme Ayotte. C'est elle qui aurait dû s'en charger. Elle va devoir revoir son règlement et j'espère que la question va remonter jusqu'au ministère de la Sécurité publique.»

Jean Pascal et Lucian Bute vont devoir se soumettre à des contrôles inopinés d'ici le 25 mai. Il s'agit d'une excellente nouvelle. Reste à voir si les promoteurs auront le courage de placer les résultats entre des mains indépendantes. C'est le sérieux même de tout ce processus qui est en jeu.