Adonis Stevenson peut enfin passer à un autre chapitre de sa carrière. Le cogneur a vengé vendredi soir au Centre Bell son unique défaite en carrière, en remportant une victoire par K.-O. au sixième round contre Darnell Boone (19-21-3, 8 K.-O.). Il peut maintenant passer aux choses sérieuses, soit son combat de championnat du monde WBC contre Chad Dawson le 8 juin prochain.

« Chad Dawson c'est une autre étape. Mais je suis rendu là, a affirmé Stevenson à l'issue du combat. J'ai affronté qui j'avais à affronter pour me rendre là. J'ai travaillé pour ça. »

C'est fou ce que trois ans peuvent faire dans la carrière d'un boxeur. Le 16 avril 2010 Adonis Stevenson (20-1, 17 K.-O.) se faisait passer le K.-O. par Darnell Boone. Une première défaite désastreuse contre un boxeur de calibre moyen. Résultat : Stevenson qui tentait à l'époque une percée aux États-Unis s'est fait larguer par le promoteur Lou DiBella.

Les mauvaises langues chuchotaient que le gaucher de Longueuil était limité, que le modeste Boone avait révélé ses lacunes. Stevenson a donc regagné l'écurie d'Yvon Michel. Il a retroussé ses manches, est remonté dans le ring et s'est mis à accumuler les K.-O.

Puis en décembre 2011 il a plaqué son entraîneur montréalais Howard Grant pour travailler avec Emanuel Steward à Detroit. Un chroniqueur sportif qui trouvait Stevenson présomptueux de défier Lucian Bute à cette époque écrivait qu'il « devrait d'abord suivre des cours de boxe ». Auprès du légendaire Steward, c'est ce qu'a fait le boxeur.

Hier au Centre Bell, Stevenson a finalement tourné la page sur cette époque, celle des doutes, en l'emportant haut la main sur Boone. Dès le départ l'Américain a boxé sur les talons, dos au câble et la garde haute. C'est finalement avec un uppercut de la gauche, sa main forte, que Stevenson a réussi à tromper la vigilance de Boone. Il a suivi d'un direct et son adversaire s'est effondré. Stevenson l'a emporté par K.-O. à 2 :43 du sixième round.

À l'âge de 35 ans, Stevenson se retrouve maintenant avec un combat de championnat des mi-lourds (175 livres) à l'agenda. Sa réputation de cogneur n'est plus à faire et il aura la chance de la solidifier encore davantage le 8 juin sur les ondes de HBO. Comme aimait le dire feu Emanuel Steward : « Il n'y a rien en boxe, vraiment rien, qui se compare à un bon K.-O. » Stevenson l'a compris et c'est à coup d'arrêts percutants qu'il a remis sa carrière sur les rails. Sa victoire sur Boone était sa septième de suite avant la limite.

Alvarez par K.-O. technique

Les mi-lourds Eleider Alvarez (12-0, 8 K.-O.) et Nicholson Poulard (19-4, 9 K.-O.) sont d'anciens partenaires d'entraînement qui se sont livrés au fil des ans une centaine de rounds de boxe simulée. Mais Poulard pensait être capable de faire dévier la trajectoire jusqu'ici parfaite de l'espoir d'origine colombienne qui vit à Montréal. Il l'a donc défié. Alvarez a accepté.

Les deux se sont donc retrouvés en demi-finale dans un duel local avec leur ceinture nord-américaine à l'enjeu (NABO pour Alvarez et NABA pour Poulard).

Comme une Ferrari, Alvarez a démarré en trombe. Face à la vitesse de son adversaire, Poulard - qui est le demi-frère de Jean Pascal -  a passé les deux premiers rounds à chercher le contre. En vain. À la troisième reprise, Alvarez a finalement mis la table à sa droite avec un jab. Le direct a touché et Poulard s'est effondré. Il s'est relevé mais ses yeux trop fuyants ont déplu à l'arbitre, qui a mis fin au combat à 2:08 du 3e round.

Eleider Alvarez l'a emporté par K.-O. technique et se mérite un duel important le 25 mai. Il doit en effet assurer la demi-finale du méga combat entre Jean Pascal et Lucian Bute au Centre Bell. On ne connaît pas l'identité de son prochain adversaire. Yvon Michel espère lui dégotter un combat éliminatoire pour le titre WBA des mi-lourds. Mais avec la vitesse, la puissance et l'intelligence du ring qu'il démontre, Alvarez ne devrait avoir à rougir devant personne.