«Lucian Bute, InterBox et Stéphan Larouche ont accepté ma demande de tests antidopage. Félicitations les gars, nous allons faire une première.»

Ce tweet envoyé mercredi par Jean Pascal a mis en rogne l'entraîneur de Lucian Bute. Stéphan Larouche n'a pas du tout aimé que l'ancien champion du monde s'attribue la paternité des efforts antidopage qui vont entourer le combat historique du 25 mai.

«Lucian n'a accepté la demande de personne, a commenté Larouche, amorçant sa phrase d'un mot d'église que nous ne reproduirons pas. C'est un contrat qui a été présenté aux deux boxeurs. Et à ce que je sache, Lucian l'a signé en premier.»

«Lucian ne va jamais boxer contre un boxeur plus lourd sans test de dopage, poursuit Larouche, rappelant que le Québécois d'origine roumaine s'apprête à passer de 168 à 175 livres pour se mesurer à Pascal. Ça, c'est la position de Lucian dès le début.»

Les deux boxeurs ont accepté pour leur duel du printemps de recourir à une agence antidopage externe en plus des contrôles menés par la Régie des alcools, des courses et des jeux. Celle-ci ne teste que le jour du combat et ses méthodes sont jugées inefficaces; la Régie n'a jamais pris de boxeur pour dopage.

Mercredi matin, avant que Jean Pascal n'envoie le tweet en question, La Presse a révélé son association avec un préparateur physique au passé controversé. Angel Heredia a admis avoir fourni des substances dopantes à une douzaine d'athlètes. Il assure maintenant être dans le droit chemin.

«Que Jean Pascal se prépare avec qui il veut, ce n'est pas de nos affaires», lance Stéphan Larouche.

Par contre, Larouche n'entend pas badiner avec l'agence qui sera sélectionnée. Il veut qu'il s'agisse de contrôles de premier plan. Il parle même de passeport biologique. «Lucian Bute, s'il n'y a pas de test antidopage, il ne boxe pas, tranche l'entraîneur. Il veut de vrais tests, inopinés, de style olympique.»

Pascal s'oppose à la VADA

La Presse a par ailleurs appris que Jean Pascal refuse de recourir à une agence antidopage qui a récemment mis au jour plusieurs cas allégués de dopage, l'Agence antidopage volontaire (VADA). Pascal a même demandé que le contrat du combat soit modifié à la dernière minute pour retirer le nom de cette agence parmi les candidates.

«Je ne veux pas la VADA, a confirmé Pascal en entrevue mardi. Il y a de gros combats chapeautés par la VADA qui ont été annulés pour de petites traces de substances, des niaiseries. On ne peut pas risquer de mettre en péril un combat de cette envergure pour ça.»

Pascal mentionne aussi les coûts importants qu'exige la VADA par rapport à d'autres agences. «Ce sont les boxeurs qui vont payer pour ça, il ne faut pas oublier», dit-il.

Lors d'un combat encadré par la VADA, le boxeur Lamont Peterson a subi en mai dernier un contrôle positif à une forme synthétique de testostérone. Son duel contre Amir Khan a été annulé. Puis le même mois, un autre duel chapeauté par la VADA est tombé à l'eau. Andre Berto devait se mesurer à Victor Ortiz lorsque l'agence a décelé chez lui des traces de nandrolone, un stéroïde anabolisant. Les niveaux étaient si bas qu'il pourrait s'agir d'une contamination induite par la prise de suppléments.

Intransigeante pour certains, incorruptible pour d'autres, la VADA divise le monde de la boxe. Plusieurs promoteurs se sont détournés de l'agence de peur de voir leurs combats - et les millions qui vont avec - s'évaporer à cause d'un contrôle positif. D'autres l'ont encensée pour ses efforts contre la triche. Le boxeur Nonito Donaire n'accepte désormais de livrer des combats que sous les auspices de cette agence.

InterBox aurait aimé considérer la VADA. «Lucian est prêt à payer ce que ça va coûter pour les meilleurs tests possible. Si tu veux un sport clean, ça va coûter cher», juge Larouche.

La question de l'antidopage reste donc entière en vue du duel du 25 mai. Le processus pour trouver une agence est en cours - la VADA, mais aussi le Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES), l'Agence américaine antidopage (USADA) ainsi que l'Agence mondiale antidopage (AMA) sont considérés. Reste à voir si les deux camps parviendront à s'entendre.