L'intervention chirurgicale mineure qu'a subie Lucian Bute à l'arcade sourcilière gauche, vendredi dernier, n'empêchera pas son clan de suivre le plan de match tracé pour lui. Du moins, si tout le monde collabore.

C'est ce qu'ont confirmé le boxeur d'origine roumaine, son entraîneur Stéphan Larouche et le président d'InterBox, Jean Bédard, mardi.

L'inconvénient majeur de cette intervention est que le boxeur de 168 livres ne peut pas recevoir de coups au visage pendant les six prochaines semaines. Ce sont ces six semaines qui pourraient venir compliquer les choses.

«Lucian pourra tout de même frapper au corps, mais c'est sûr qu'il n'y aura pas de coups à la tête avant ce délai, a indiqué Larouche. Alors une vraie préparation en vue d'un combat pourra être amorcée au milieu du mois de mars.»

«On a décidé de faire cela maintenant, parce qu'on avait du temps, a ajouté le principal intéressé. Même si on ne peut pas faire d'entraînement complet, on peut continuer à s'entraîner quand même et on continue de suivre notre plan de match comme prévu.»

Mais voilà: Bute (31-1, 24 K.-O.) doit normalement livrer son prochain combat le même jour où Carl Froch (30-2, 22 K.-O.) doit affronter Mikkel Kessler (46-2, 35 K.-O.) pour l'unification des titres IBF et WBA des super moyens.

La date qui circule le plus pour ce combat est le 25 mai, ce qui serait parfait pour permettre à Bute de s'entraîner convenablement afin d'être prêt à affronter le vainqueur du combat de championnat du monde de la WBC entre Sakio Bika (30-5-2, 21 K.-O.) et Nikola Sjekloca (25-0, 7 K.-O.), qui aura lieu le 16 février.

Mais l'IBF, prise dans l'imbroglio de la «saga Adonis Stevenson» (le Québécois devait, à titre d'aspirant obligatoire, affronter Froch pour sa ceinture), souhaiterait que ce combat ait lieu le 27 avril, sinon, elle menace Froch de lui retirer son titre.

Si le combat devait avoir lieu le 27 avril et qu'InterBox souhaite toujours que Bute se batte le même soir (peut-être même en sous-carte) que Froch-Kessler, le délai serait limite pour permettre au boxeur de se préparer adéquatement.

«C'est sûr que si Lucian devait se battre le 27 avril, ce serait un peu serré, mais ce serait jouable, a indiqué Bédard. Mais le 27 avril, c'est aussi très serré comme échéancier pour le vainqueur du combat Bika-Sjekloca.»

Larouche croit toutefois que les chances de voir le combat Froch-Kessler en mai sont plus grandes.

«Quand on se met à analyser toutes les données et qu'on lit entre les lignes, les chances de voir ce combat en avril sont minces, très minces. J'ai regardé dans l'historique de Froch et c'est rare qu'il se bat en avril. Les grosses ligues de soccer sont en fin de saison et c'est rare qu'il se bat dans cette période.»

Stevenson pas dans la mire

Tout ce plan est axé en fonction du combat revanche que Bute doit livrer à Froch et il est clair que d'affronter Stevenson (19-1, 16 K.-O.) ne fait pas partie de l'avenir à court terme du boxeur d'InterBox.

«D'une part, c'est qu'on court après Carl Froch, ou Kessler, ou Ward, qui sont trois droitiers, a expliqué Larouche. Lucian a eu le titre de l'IBF et l'a défendu plusieurs fois. S'il a à avoir une autre ceinture, peut-être qu'il aimerait mieux une autre couleur.

«Si on veut se battre contre Carl Froch, on veut un gars qui a des mains pesantes, qui est agressif et qui a des chances de gagner et je pense que Sakio Bika est une belle représentation de tout cela. On a un plan et on va essayer de respecter notre plan. Se battre contre un gaucher, ça nuit à notre préparation en vue de Froch (un droitier).»

Ce qui ne veut toutefois pas dire qu'un combat contre Stevenson n'aura jamais lieu.

«La preuve est faite que lorsque tu as un plan et que tu le suis, le temps travaille toujours en ta faveur, a ajouté Larouche. Lucian, il lui reste peut-être deux ou trois ans de boxe. Le but, c'est de se rebattre contre Froch. Parfois, tu es mieux d'attendre un mois de plus que d'emprunter une voie que tu ne veux pas suivre.

«Si entre-temps Stevenson devenait champion, il l'aura mérité, car il aura travaillé très fort pour arriver là et on est conscient qu'il ne l'a pas facile de ce temps-là. Et si de notre côté nous devions avoir une ceinture après avoir vengé notre combat contre Carl Froch, ce combat-là (Bute-Stevenson) existera toujours. J'ai toujours dit qu'on doit faire les combats quand ils sont mûrs.»