Un combat et trois blessures. Pour faire un résumé, voici en quelques traits l'année de Jean Pascal. Il y a eu une chute au hockey en février et l'annulation d'un combat contre Zsolt Erdei. Il y a eu la main droite amochée à l'entraînement en août et l'annulation d'un combat contre Tavoris Cloud. Puis, il y a eu cette dernière tuile vendredi soir dernier au Centre Bell.

La blessure qu'a subie Pascal à l'épaule gauche aurait pu être la goutte qui fait déborder le vase. Dans le pire des cas, Yvon Michel s'attendait à une pause de 7 à 8 mois. Autant dire une éternité pour un boxeur de 30 ans qui n'avait pas boxé depuis 19 mois avant vendredi soir.

Mais le pire ne s'est pas réalisé. Des examens passés lundi confirment bel et bien que Pascal s'est blessé à l'épaule gauche, mais ils concluent qu'il n'aura pas besoin d'une opération, qu'il pourra retrouver l'usage normal du bras gauche d'ici un mois et sera en mesure d'affronter l'Américain Chad Dawson en mars au Québec.

«Je suis très soulagé, ce sont de bonnes nouvelles, a affirmé Pascal, mardi matin en conférence de presse. Dès lundi, je me remets à l'entraînement. Je vais passer Noël au gymnase!»

Ce sont deux blessures distinctes qu'a subies Pascal lors de sa victoire contre Aleksy Kuziemski (23-5, 7 K.-O.). Le Québécois s'est déchiré en partie un muscle de la coiffe du rotateur. «C'est un peu comme un claquage, a expliqué le médecin de Pascal, Francis Fontaine. C'est un muscle qui sert à lever le bras et ça explique pourquoi il avait du mal à lever sa garde.»

Quant à son tendon long du biceps gauche, il s'est complètement rompu. Plutôt que de l'opérer pour le reconstruire, Fontaine juge que le boxeur peut très bien vivre sans ce tendon. «Il aura juste plus de difficulté à ouvrir des poignées de porte», a-t-il dit, mais cela ne nuira pas à sa boxe.

L'ancien champion du monde avait déjà été blessé au même tendon du biceps gauche en 2009, lorsqu'il se préparait à affronter Carl Froch. «Les gens ne le savent pas, mais Pascal avait dû être rappelé de son camp d'entraînement pour venir se faire soigner à Montréal. Le combat avait failli être annulé, a affirmé Fontaine. Maintenant, ça ne fera plus mal. C'est complètement arraché.»

Un athlète fragile?

Pascal (27-2-1, 16 K.-O.) évite donc une opération, mais il devra se soumettre à des traitements de physiothérapie. Il a aussi reçu mardi une injection de plasma riche en plaquettes (PRP), une technique expérimentale qui vise à accélérer la guérison. «Georges St-Pierre et Tiger Woods ont déjà eu recours à ce traitement», a expliqué Fontaine.

Le médecin pense que dans «trois ou quatre semaines», le boxeur sera guéri. Un combat contre Dawson (31-2, 17 K.-O.) au mois de mars «est faisable», selon lui.

Ces nouvelles relativement bonnes ont plu au principal intéressé. Mais Pascal n'est-il pas découragé par ces blessures à répétition? «C'est sûr que c'est frustrant, mais j'attribue ça à de la malchance plus qu'à autre chose», a-t-il répondu.

«Jean me tient occupé. Mais c'est un athlète d'élite et il a 30 ans, a dit le Dr Fontaine. Les athlètes d'élite font partie de ce 1% d'exception, ils ont une génétique unique et une puissance brute, mais l'équilibre est fragile.»

Pense-t-il déjà à son prochain combat, ce deuxième rendez-vous contre Dawson? «Je me concentre sur ma guérison d'abord», a dit Pascal. Son entraîneur, Marc Ramsay, va d'ailleurs tout faire pour ménager son épaule gauche au gymnase.

Ce n'est qu'une fois remis que Pascal pourra échafauder les plans pour Dawson, qu'il avait vaincu par décision unanime en août 2010. «Comme ma mère me dit, ce qu'on a fait une fois, on peut le faire une deuxième fois», a-t-il lâché. C'est vrai pour les blessures, mais heureusement, ce l'est aussi pour les victoires.