Le Philippin Manny Pacquiao, considéré comme le meilleur boxeur actuel toutes catégories confondues, affronte un Américain encore méconnu, Timothy Bradley, pour un combat de rédemption, catégorie WBO, son premier en homme de foi, samedi à Las Vegas.

C'est un Pacquiao nouveau qui va monter sur le ring du MGM Grand par rapport à celui qui en était descendu le 13 novembre avec une victoire tirée par les cheveux face au Mexicain Juan Manuel Marquez (décision majoritaire), où son habituel cocktail de puissance et de vitesse n'avait pas été au rendez-vous.

Il va vouloir faire oublier cette terne prestation, une 54e victoire (38 avant la limite) qui lui a permis de garder le titre WBO des mi-moyens, remis en jeu samedi, mais il va aussi vouloir en oublier le contexte.

Le Philippin de 33 ans était alors rongé par des problèmes conjugaux, son épouse menaçant de le quitter s'il ne changeait pas ses manières de parieur, de fêtard et d'organisateurs de combats de coqs. Depuis, Pacquiao assure que Dieu lui a parlé dans un rêve et lui a demandé de s'acheter une conduite.

Le Pacquiao qui est revenu à Las Vegas, «sin city» aux États-Unis, est désormais catholique fervent, qui prêche la bonne parole bible en mains dans son pays. Sa femme Jinkee est redevenue sa plus fidèle alliée et il a revendu les établissements peu vertueux qu'il possédait aux Philippines (casino, bars).

Pacquiao assure qu'il est plus serein maintenant qu'il respecte «le manuel de vie» qu'est la Bible et qu'il veut «regagner la confiance» des fans.

«En paix avec lui même»

Son entraîneur Freddie Roach pense que la religion ne peut pas faire de mal à son protégé: «Il faisait dix mauvaises choses, maintenant il en fait une bonne». «Sa vie était en train de dérailler, mais aujourd'hui, il est en paix avec lui-même», explique son promoteur Bob Arum.

S'il part large favori, le parlementaire Philippin, aussi apaisé soit-il, peut s'attendre à une farouche bataille face à un adversaire invaincu en 28 combats et qui se voit offrir «la chance de sa vie».

Enfant du désert de Palm Springs, le Californien de 28 ans est un boulimique de travail, sans cesse en train de travailler sa condition physique. Champion WBO des super-légers, ce végétarien a patiemment attendu l'occasion de prouver sa valeur sans commettre les excès de langage propres au monde de la boxe.

«Je n'ai rien de spectaculaire, rien qui ébahisse les gens, mais je suis là pour créer la surprise», souligne Bradley.

Pour les amateurs du noble art, ce Pacquiao-Bradley n'est que du menu fretin par rapport à la perspective d'un combat contre l'invaincu Américain Floyd Mayweather. Beaucoup de choses ont fait achopper ce «mega-fight» depuis plus de deux ans (modalités antidopage, partage de la bourse probablement la plus lucrative de l'histoire, procès en diffamation, etc.), mais Dieu pourrait aussi avoir son mot à dire. Dans son rêve, Pacquiao a expliqué que le Tout-puissant lui avait demandé d'arrêter bientôt la boxe.