Noe Gonzalez n'a pas parlé de championnat du monde. Il n'a pas parlé de la télé américaine, n'a pas parlé d'honneur ou de gloire. S'il veut défaire le Montréalais Adonis Stevenson vendredi soir au Centre Bell, c'est surtout pour assurer un avenir à sa famille.

Le boxeur uruguayen a fait quelques rounds d'entraînement pour les journalistes mardi en conférence de presse. Il a lancé des coups rapides, très rapides, du haut de ses six pieds. Il est un peu plus grand que Stevenson, mais moins large d'épaules. Puis Gonzalez s'est finalement assis sur le ring et a répondu en espagnol aux questions des journalistes.

«Je suis sûr de pouvoir gagner ce combat et j'espère que les juges seront justes, a-t-il dit, dans une réponse convenue. Je me suis battu en Argentine, aux États-Unis, au Mexique, en Allemagne. C'est normal pour moi. Je me bats à l'extérieur comme je me battrais chez moi.»

Mais lorsqu'on lui a parlé de l'importance du duel de vendredi, diffusé aux États-Unis sur les ondes d'ESPN, dont le gagnant sortira en excellente position pour obtenir un combat de championnat du monde, il a plutôt parlé de sa famille.

«C'est un combat très important pour ma carrière, pour mon futur, mais aussi celui de ma famille, pour sortir de la pauvreté, a fait valoir ce père d'un garçon de sept ans et d'une fille de cinq ans. Je me bats pour ma famille.»

Noe Gonzalez est né il y a 32 ans en Uruguay. Il s'est exilé en Argentine pour la boxe. C'est celle-ci qui l'a sorti de la misère. «La boxe m'a sorti de la rue. Ce sport représente beaucoup pour moi. Je dois gagner pour protéger ma famille de la pauvreté.»

«Pour l'instant, la boxe n'a pas été assez payante, mais j'espère me rendre là et vendredi pourrait m'aider», croit-il.

Noe Gonzalez (28-1, 20 K.-O.) a déjà eu la chance de se faire un nom au niveau mondial. En 2007, il s'est rendu en Allemagne pour défier le champion des poids moyens (160 livres) Felix Sturm. C'est là qu'il a encaissé l'unique défaite de sa carrière, une décision unanime des juges.

Il lui aura fallu 14 combats depuis ce jour - dont 13 K-O. - pour se rendre à cet affrontement contre Adonis Stevenson (17-1, 14 K.-O.) retransmis à l'auditoire américain. Les défaites sont longues à effacer en boxe, et peut-être plus encore pour un boxeur d'Argentine.

Un combat dangereux

À côté de lui mardi, son entraîneur se faisait rassurant. Son poulain a des chances de gagner, répétait Ivan Protti, un Argentin d'origine italienne à la carrure de frigidaire. «C'est un combat dangereux pour les deux boxeurs. À ce niveau, les deux sont intelligents, les deux peuvent s'adapter durant un combat, a noté Protti. Noe est prêt à prendre l'initiative ou à boxer en contre. Il est prêt à tout.»

La principale qualité de son boxeur? «Il frappe très fort», a répondu Protti, et il est en vrai qu'en boxe ça ne peut pas nuire.

Mais il a aussi la motivation de se battre pour les siens. Adonis Stevenson avait d'ailleurs une réponse facile mardi lorsqu'on lui a demandé ce qu'il pensait des commentaires de son adversaire, qui dit lutter pour sa famille.

Le natif d'Haïti, père de deux fillettes de 3 mois et de 20 mois, qui a passé plus d'un an derrière les barreaux dans sa jeunesse, a levé les yeux vers les journalistes. Sans hésiter une seconde, il a lancé d'un air d'évidence: «Mais moi aussi je me bats pour ma famille!»