Lucian Bute est arrivé au Canada en pleine tempête de neige en novembre 2003, ne sachant pas trop ce que l'avenir lui réservait.

Le natif de Pachea, en Roumanie, allait entreprendre une carrière professionnelle qui le verrait devenir champion des super moyens de l'IBF, et être reconnu comme l'un des meilleurs boxeurs de la planète. Et lundi, il est officiellement devenu un citoyen canadien.

«À l'époque, je ne savais pas quelles tournures prendraient ma vie et ma carrière, a dit Bute, en tenant le certificat de citoyenneté remis un peu plus tôt par le juge Gilles H. Duguay. Mais je me suis fait ma place ici, j'ai appris le français, je me suis fait des amis et j'en suis venu à me sentir bien. J'ai voulu faire bâtir une maison ici, payer des taxes. J'étais heureux ici.»

Bute, 32 ans, a prêté serment tout comme 30 autres nouveaux Canadiens venant de 19 pays. La cérémonie a eu lieu dans un gymnase de l'école primaire Ste-Dorothée à Montréal, non loin du Centre Claude-Robillard où son promoteur, InterBox, a son centre d'entraînement.

Quelques heures plus tard, Bute avait à son agenda quelque chose de typiquement canadien: prendre l'avion pour la Floride. Il y amorcera son entraînement en vue de la défense de son titre le 26 mai contre Carl Froch à Nottingham, en Angleterre.

Ce sera la 10e défense de la ceinture obtenue contre Alejandro Berrio en 2007. Ce devrait aussi être son plus dur test, après des combats presque exclusivement devant ses partisans à Montréal, à Québec et en Roumanie, deux fois dans ce dernier cas.

La journée de lundi en était une de sourires et de poignées de main, alors que Bute a reçu le certificat souhaité depuis qu'il a eu le statut de résident permanent en 2007.

Cela lui donnait les pleins droits comme Canadien dans toutes les sphères, sauf celui de voter. Il peut maintenant exercer son droit de vote.

Au niveau de sa carrière, il aura un passeport qui va faciliter ses déplacements à l'étranger. Bute est aussi citoyen roumain, mais le passeport roumain amène souvent plus de questions et de délais aux frontières.

Bute a livré son premier combat professionnel le 22 novembre 2003 au Centre Bell, battant Robert Muhammed au troisième round.

Il y a eu de longues journées au début, loin de la maison où il habitait avec ses parents et ses quatre soeurs. Il ne parlait ni anglais ni français et vivait seul en appartement, non loin du gymnase d'Interbox.

«Ç'a été une année difficile, a dit Bute, qui apprend lentement l'anglais. Vous êtes dans un autre monde. Vous ne savez pas ce qui se passe.»

Tôt dans sa carrière, Bute est devenu frustré de ne pouvoir répondre aux questions d'un journaliste, et il a décidé de prendre un cours de français intensif à l'Université de Montréal.

L'entraîneur Stéphan Larouche l'a aidé en ne lui parlant qu'en français, et Bute a fini par bien se débrouiller dans la langue de Molière. Il a aussi établi contact avec la communauté d'environ 40 000 Roumains à Montréal, dont plusieurs étaient présents à la cérémonie de lundi, incluant sa compagne Elena.