Alors que 2011 tire à sa fin, La Presse s'est assise avec Jean Pascal (26-2-1, 16 K.-O.) pour faire le bilan de son année. Le boxeur rencontré à l'entraînement évoque ses combats contre Bernard Hopkins, son désir d'affronter Lucian Bute et sa vie de père monoparental.

Q: Quel bilan dressez-vous de votre année 2011?

R: Je suis content et en même temps déçu. J'ai remporté ma plus grosse victoire contre Chad Dawson en août 2010. C'était la première fois qu'un Québécois parvenait à vaincre un «pound for pound» mondial. Puis 2010 s'est terminée amèrement avec une nulle contre Bernard Hopkins. Quant à 2011, ç'a été une bonne année, financièrement (rires), mais côté exploits, ç'a été moins bon que l'année précédente. J'ai livré un seul combat. Mais ça ne me dérange pas, car j'ai appris beaucoup. Depuis deux ans, j'ai fait mon nom, j'ai boxé contre les plus gros noms américains et j'ai mis Montréal sur la carte. J'ai marqué les annales de la boxe québécoise à jamais.

Q: Un seul combat en 2011, ça reste peu.

R: C'est certain que j'aurais aimé me battre en décembre, mais ça devient difficile au niveau où je suis. Je ne peux plus boxer sur de petites cartes. Pour la fin de 2011, je reste dans le gym et j'essaye d'améliorer mes faiblesses pour revenir en force l'année prochaine.

Q: L'année prochaine justement, qui aimeriez-vous affronter?

R: En 2012, je vois plein d'options. Un autre combat contre Hopkins serait envisageable, ou un combat contre Chad Dawson, Carl Froch, Lucian Bute ou Tavoris Cloud... Des options, je n'en manque pas. C'est sûr que j'aimerais commencer l'année avec un combat de retour. Dans les deux dernières années, je n'ai fait qu'affronter de grosses pointures. Je crois que moi aussi je mérite un combat pour refaire ma confiance.

Q: Vous avez mentionné Lucian Bute...

R: Un combat contre Bute, je n'y tiens pas à tout prix, mais c'est quelque chose que me demandent les fans. Je trouve que j'ai une responsabilité envers les partisans du Québec. Ce sont eux qui m'ont fait faire de l'argent. Sans les fans, Jean Pascal n'est rien et Lucian Bute non plus. Alors c'est important d'écouter les fans et s'ils me demandent un combat contre Lucian Bute, moi, je ne dis pas non. Je suis prêt n'importe quand, si c'est demain matin... en fait, pour être franc, peut-être pas demain matin (rires), parce que là je m'entraîne sur mes faiblesses et j'essaye de m'améliorer. Mais pour 2012 ou 2013, je n'ai aucun problème!



Q: Pensez-vous boxer encore bien des années?

R: Oui, je vais boxer encore longtemps. Je viens d'avoir 29 ans en octobre. Je suis encore très jeune et d'après moi, j'ai facilement six ans devant moi. Je me vois dominer ma catégorie. Je veux devenir le meilleur boxeur de la planète et je suis convaincu que je peux y arriver. Je vais m'entraîner comme un acharné pour ça. Je ne veux rien enlever à Bute, mais ç'a toujours été mon but de devenir le meilleur au monde et, si les Martiens nous envahissent, de devenir le meilleur de la galaxie.

Q: Le second combat contre Hopkins a été le plus payant de votre carrière. On parlait d'une bourse de plus de 1,5 million. C'est exact?

R: Oui, ç'a été le combat le plus payant de ma carrière. Je ne veux pas entrer dans les détails, je ne boxe pas pour l'argent, je boxe par passion. Mais c'est certain que la récompense va avec le défi, et Bernard Hopkins était tout un défi.

Q: Vous parvenez à mettre un peu d'argent de côté?

R: Oui, j'apprends des autres. Beaucoup de boxeurs ont fait beaucoup d'argent, avaient de grosses maisons de 5 millions, cinq, six voitures et maintenant ils prennent l'autobus. Je ne veux pas me retrouver dans cette situation. C'est important que je mette beaucoup d'argent de côté, pour mon futur mais surtout pour ma fille Angel.

Q: Votre fille a 8 ans maintenant et vous l'élevez seul. Comment arrivez-vous à concilier votre métier à votre rôle de père monoparental?

R: Ce n'est pas facile. Je suis tout seul à la maison avec ma petite fille. Par contre, j'ai ma famille et mes amis qui m'aident beaucoup quand je suis à l'extérieur du pays pour les camps d'entraînement. J'essaye de concilier les deux, mais ma fille est très intelligente, très compréhensive. Il reste que je suis père monoparental. Les gens pensent des fois que ma vie a tout changé quand je suis devenu champion du monde. Mais moi, je reste pris sur la 40 comme tout le monde chaque matin. C'est loin d'avoir tout changé.

Q: Vous avez souvent mentionné vouloir exercer le métier de policier après votre carrière. C'est encore dans vos plans?

R: Comme je dis souvent à la blague, ça dépend du nombre de zéros dans mon compte en banque. Si j'en ai plusieurs, je ne pense pas. Mais en même temps, j'ai étudié là-dedans et même si j'étais très riche, peut-être que j'aimerais essayer ce métier. Les médias me tentent beaucoup aussi, la radio, la télé, même le cinéma. Ce sont des voies que je vais explorer éventuellement.

Photo: André Pichette, La Presse