Bernard Hopkins a confondu les sceptiques il y a 23 ans quand il a quitté le pénitencier de Graterford State pour ne plus jamais y retrourner. Depuis, il a déjoué les stéréotypes à propos des athlètes et du vieillissement en connaissant une belle carrière jusque dans la quarantaine avancée.

Si Hopkins trouve une façon de battre Chad Dawson, celui que l'on surnomme B-Hop aura une fois encore défié l'épreuve du temps.

Hopkins, âgé de 46 ans (52-5-2, 32 K.-O.), réalise l'énormité de la tâche qu'il a acceptée de relever au Staples Center, samedi soir, face à Dawson (30-1, 17 K.-O.), l'ancien champion des mi-lourds qui se classe parmi les boxeurs les plus doués de sa génération - et qui est de 17 ans son cadet.

«Il pourrait presque être mon fils, mais je suis habitué à ça, a déclaré Hopkins. Il n'y a pas beaucoup de gars qui ne pourraient être mon fils qui se battent encore à mon niveau.»

Dawson voit ce combat comme rien de moins que le moment décisif de sa carrière. Il cherche à disputer ce combat depuis qu'il a remporté son premier titre au début de 2007. Il estime qu'une victoire aux dépens de Hopkins lui permettra d'accéder au rang de meilleur boxeur au monde chez les 175 livres.

Dawson a souvent mis Hopkins au défi mais il n'a pas réussi à l'affronter dans un ring avant de signer un lucratif contrat avec HBO et de devenir l'aspirant obligatoire à un combat de championnat des mi-lourds.

«Je veux me retrouver dans la position de Bernard, alors je dois l'écarter de ma route, a précisé Dawson. Je sais que je peux lui poser un problème, et je pense qu'il le sait. Je pense qu'au fond, il sait que ça va être un combat difficile.»

Ce combat oppose deux athlètes impressionnants qui préfèrent la tactique à la bagarre. C'est l'une des raisons pour lesquelles les amateurs ne se bousculeront pas au Staples Center pour voir à l'oeuvre ces deux boxeurs qui ont rarement disputé des combats qui ont soulevé les foules.

Malgré les combats préliminaires mettant en vedette Kendall Holt et Danny Garcia chez les 140 livres et Linares Jorge et Paulie Malignaggi, les promoteurs sont conscients qu'ils auront du mal à remplir l'amphithéâtre. Le promoteur Gary Shaw a même tenté de donner en cadeau 100 billets sur Twitter, jeudi soir.

Le programme permettra également à Dewey Bozella, 52 ans, de faire ses débuts professionnel, lui qui a passé 26 ans en prison pour un meurtre qu'il n'a jamais commis. Bozella s'est entraîné avec Hopkins ces dernières semaines.

Pourtant, la principale attraction demeure Hopkins, qui a battu Jean Pascal en mai dernier à Montréal pour devenir le boxeur le plus âgé à remporter un titre mondial d'importance. Hopkins ne peut toutefois être comparé à George Foreman: ses aptitudes ne se sont pas significativement érodées, et ses stratagèmes dans le ring lui permettent souvent de décontenancer son adversaire.

La rapidité et le style fonceur de Dawson pourraient pourtant donner du fil à retordre à Hopkins, plus petit et plus lent. Si le champion est conscient du danger, il n'est guère intimidé par la force de caractère de l'aspirant. Dawson a reconnu qu'il a eu du mal à se motiver et à se concentrer à divers moments de sa carrière, et il ne s'est pas excusé pour sa personnalité nonchalante.