Entraîneur national de 1984 à 1997, Yvon Michel est aujourd'hui l'un des plus prolifiques promoteurs de boxe professionnelle au pays. L'homme d'affaires refuse que son industrie porte le blâme pour le déclin de la boxe olympique au Québec, et accuse plutôt l'Association canadienne.

Q: Pensez-vous que l'essor de la boxe professionnelle dans la province détourne des jeunes de la boxe olympique?

R: Je ne pense pas. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est qu'il y a un manque total de leadership à l'Association canadienne de boxe. Il n'y a tellement pas d'encadrement que les jeunes préfèrent devenir pro. Depuis mon départ, il n'y a plus de coach national à temps plein avec l'équipe nationale. L'équipe est dirigée au pif, à l'instinct, au lieu d'avoir un programme clair et précis pour aller chercher des médailles. Entre 1984 et 1996, on avait toujours gagné des médailles olympiques. Aux derniers Jeux, non seulement ils n'ont pas décroché de médaille, mais ils sont tout juste parvenus à qualifier un boxeur.

Q: Mais vous ne pouvez nier que des jeunes talentueux font le saut rapidement chez les pros?

R: C'est important, la boxe amateur. C'est sûr qu'on aurait préféré que David Lemieux ou Didier Bence restent chez les amateurs plus longtemps. Mais quand Lemieux est passé pro à l'âge de 18 ans, son propre entraîneur et gérant était le président de la Fédération québécoise de boxe olympique (Russ Anber, qui n'entraîne plus Lemieux depuis hier, NDLR). Ça montre à quel point il n'avait pas confiance au système amateur. Ce n'est pas encourageant de garder en amateur quelqu'un qui a du talent. Peu importe qui on va laisser là, il n'a aucune chance d'aller chercher un résultat quelconque aux Jeux olympiques.