Ce n'était certes pas le scénario prévu pour David Lemieux.

Lemieux, peut-être l'espoir le plus prometteur de la boxe québécoise, a rencontré son homme en la personne de Marco Antonio Rubio, hier soir au Centre Bell. Largement favori, Lemieux a dû, à la surprise générale, s'avouer vaincu par K.-O. technique au septième round.

En fin vétéran, Rubio a joué de patience pour finalement envoyer Lemieux au plancher au septième round. Piégé contre les câbles, le Québécois était par la suite incapable de se défendre, et son entraîneur Russ Anber est monté dans le ring pour mettre fin au combat de championnat éliminatoire des poids moyens (160 livres) du WBC, à 2:36 de la septième rerpise.

S'en est suivi un lourd silence au Centre Bell. Lemieux s'est plus tard présenté aux médias avec l'os de la joue droite enflé, possiblement victime d'une fracture.

«Russ Anber a arrêté le combat au bon moment, a estimé le promoteur Yvon Michel. Ce n'est pas un grand recul pour David, ça le freine, mais ce n'est pas la première fois qu'un jeune espoir frappe un obstacle.»

Russ Anber, lui, semblait regretter sa décision. «J'avais averti David, je voyais que Rubio essayait la grosse main droite, et je ne voulais pas qu'il se fasse toucher avec ce coup-là... David était fâché parce qu'il se souvient de tout. Je suis prêt à prendre le blâme, mais je trouvais que les risques étaient trop grands pour son avenir.»

Il faut reconnaître que dans sa carrière, Lemieux n'avait jamais croisé un vétéran aguerri comme Rubio, capable d'encaisser tous ses coups sans plier les genoux.

«Je pensais vraiment pouvoir le finir, je ne croyais pas qu'il allait pouvoir durer, a avoué le jeune boxeur de 22 ans. Mais il duré. Et il m'a atteint avec quelques coups, dont un sur la tempe. Je suis désolé, mais chapeau à Rubio. C'est son expérience qui m'a surpris.»

Russ Anber a reconnu que dans le coin de Lemieux, on se demandait de quoi était fait ce boxeur mexicain de 30 ans qui ne voulait pas tomber sous cette pluie de coups au cours des cinq premiers rounds. «C'est la résistance de Rubio qui a été la différence. Comment il a pu résister à ces coups-là? Je ne sais pas», a ajouté l'entraîneur en hochant la tête.

Au moment de l'arrêt du combat, Lemieux était en avance 59-55 sur les trois cartes de pointage. Rubio (50-5-1, 43 K.-O.), qui a eu du mal à atteindre la limite de poids lors de la pesée de vendredi à Montréal, a aussi eu bien du mal en début de combat; il se faisait cogner solidement par Lemieux (25-1, 24 K.-O.), sous les cris de la foule. Mais Rubio s'est tranquillement imposé au sixième round avec quelques bons crochets à la tête de Lemieux, qui s'est souvent fait pincer la tête baissée. Le Québécois saignait abondamment du nez à ce moment-là.

Le Centre Bell est devenu bien tranquille quand Rubio a envoyé Lemieux au plancher lors du septième round. C'était la première fois de sa carrière chez les pros que Lemieux était ainsi terrassé. Son coin a choisi de tout arrêter quelques instants par la suite.

Grâce à cette victoire aussi spectaculaire que surprenante, Rubio obtient le privilège d'un combat de championnat contre le gagnant de la bagarre entre Julio Cesar Chavez fils et Sebastian Zbik, qui sera présentée le 4 juin au Staples Center de Los Angeles.

David Lemieux? Il a juré qu'on allait le revoir.

«Je vais me reprendre, a-t-il promis. Je suis très déçu de ma performance, mais c'est ça, la boxe. Ces choses-là, ça arrive.»