C'est réglé: après une éclipse de près de quatre ans, Éric Lucas remontera dans le ring le 11 décembre, au Centre Bell, en sous-carte du combat revanche entre Jean Pascal et Adrian Diaconu.

Au cours des derniers mois, le clan InterBox avait clairement indiqué que Lucas n'essaierait pas de sauter des étapes. De fait, la rentrée de l'ancien champion des super-moyens du WBC se fera sous le signe de la prudence: son adversaire, a appris La Presse, sera l'Argentin Ramon Pedro Moyano, 37 ans, détenteur d'une fiche modeste de 27-8-3 (15 K.-O.).

L'objectif de ce combat, qui sera vraisemblablement limité à huit rounds, sera d'évaluer où en est rendu Lucas, à 38 ans, face à un opposant dont le dernier combat significatif, une défaite contre l'Italien Cristian Sanavia, remonte à 2001. «Le plus important sera de voir comment Éric va réagir dans le ring, comment son corps va prendre ça, quel sera son niveau d'énergie», a dit hier son entraîneur, Stéphan Larouche, en entrevue téléphonique.

Lucas (38-7-3, 14 K.-O.) ne s'est pas battu depuis le 14 janvier 2006. Avec la ceinture des super-moyens de la WBA à l'enjeu, le Danois Mikkel Kessler l'avait vaincu par K.-O. technique au 10e round, à Copenhague. Un match qui a laissé un goût amer dans la bouche de Lucas. «Ça n'a pas fini comme il le voulait. Et il aime encore la boxe. Il se réalise bien là-dedans», a dit le patron d'InterBox, Jean Bédard.

Lucas devait à l'origine reprendre du service en 2008. Mais peu après l'annonce de son retour, la maladie de sa fille Mélodie, qui a depuis été traitée avec succès pour un grave cancer de l'abdomen, avait contrecarré ses plans.

Il est finalement retourné à l'entraînement l'été dernier et s'est entraîné à Montréal avec des membres de l'équipe nationale de boxe amateur et des boxeurs professionnels. Il a suffisamment progressé pour monter dans le ring avec Lucian Bute, en Floride, où le champion du monde des super-moyens de l'IBF se préparait récemment pour son combat revanche contre Librado Andrade, qui aura lieu à Québec, le 28 novembre.

«La barre était haute, mais il s'est mieux tiré d'affaire que bien d'autres gars qui ont boxé avec Lucian, a dit Larouche, également entraîneur de Bute. L'expérience et la force étaient là. Éric n'a jamais misé sur sa vitesse, mais la ténacité et la rigueur étaient là. Le sparring l'a convaincu qu'il était capable de revenir.»

Rentré au Québec vendredi dernier, Lucas a passé hier les examens médicaux pour obtenir son permis et il rencontrera les médias cet après-midi au gymnase d'InterBox, au centre Claude-Robillard.

Bédard et Larouche ont longtemps été réticents face au retour de leur ami et partenaire d'affaires. Mais sa détermination a fini par avoir raison de leurs objections. «Son coeur et ses tripes sont dans ça. Je pouvais bien dire que j'étais contre, mais c'est sa vie et je suis son entraîneur, pas son père», a dit Larouche, qui était dans le coin de Lucas le soir de juillet 2001 où celui-ci est devenu champion du monde en passant le K.-O. à Glenn Catley.

Un commentaire de Guy Lafleur, revenu au hockey après une absence de trois saisons et demie, à la fin des années 80, a aidé Bédard à surmonter ses appréhensions. «Il m'a dit: "Laissez-le aller, je sais ce qu'il vit. Si vous le freinez, il risque de vous en vouloir." Notre job, c'est de le protéger, pas de l'arrêter.»

Lucas n'entend pas s'arrêter là si le combat contre Moyano se passe bien. «Il croit qu'il peut encore livrer quatre combats. Il aimerait bien affronter des gars comme Joachim Alcine ou Sébastien Demers», a dit Jean Bédard.

Lucas risque de se battre tôt dans la soirée du 11 décembre, car Adrian Diaconu aimerait l'avoir dans son coin pour son combat contre Jean Pascal. On devrait avoir une soirée fertile en émotions.