Les proches d'Arturo Gatti viennent de recevoir une nouvelle «encourageante» du procureur brésilien chargé de l'enquête sur la mort du boxeur montréalais. Ce procureur, loin d'avoir fermé le dossier, vient de réclamer devant un juge des éléments de preuve qui ne lui ont toujours pas été transmis par la police, près de deux mois après la mort du boxeur.

Le procureur Roberto Brayner exige les résultats des tests toxicologiques menés sur le corps d'Arturo Gatti. Il veut aussi analyser des courriels écrits en anglais - et toujours pas traduits en portugais - trouvés dans l'ordinateur d'Amanda Rodrigues. De plus, il demande que l'ensemble des photos originales prises par la police dans l'appartement où le boxeur a été retrouvé mort puissent être consultées par les avocats de la famille Gatti, ont rapporté différents médias brésiliens depuis deux jours. La réponse de la juge Andréa Calado est attendue aujourd'hui.

Autopsie incomplète

«Les démarches du procureur au dossier nous encouragent dans notre recherche de la vérité. Malheureusement, ce procureur ainsi que l'avocat que nous avons engagé là-bas ont de la difficulté à obtenir des informations de la part de police», souligne un ami d'enfance du boxeur montréalais, Chris Santos. De son côté, le gérant du boxeur aux États-Unis, Pat Lynch, est confiant. «Notre avocat au Brésil fait des progrès. On doit être patient», a-t-il dit à La Presse, joint à son bureau au New Jersey.

Les proches du boxeur se demandent comment la police brésilienne a pu conclure au suicide avant d'obtenir les résultats des tests toxicologiques pratiqués sur le corps du défunt. Déjà, le pathologiste américain et vedette de HBO, Michael Biden, embauché par la famille Gatti, a découvert que l'autopsie pratiquée au Brésil était incomplète.

Au Québec, la police ne commente jamais un dossier entre les mains d'un procureur. Il n'en va pas de même au Brésil. L'enquêteur principal qui a conclu au suicide de Gatti, Paulo Alberes, a répliqué à la requête du procureur Brayner par le truchement des médias brésiliens, hier.

Les éléments demandés par le procureur ne créeront pas une volte-face, selon le policier Paulo Alberes. Le rapport des tests toxicologiques n'a pas encore été transmis aux autorités judiciaires parce que ce genre d'examen «ne s'effectue pas rapidement», a-t-il expliqué. L'enquêteur n'a pas encore transmis, non plus, un rapport des blessures subies par un homme qui se serait interposé dans une engueulade entre Gatti et sa femme le jour de la mort du boxeur.

Une «extrême précaution»

Au contraire des proches de Gatti, l'avocat d'Amanda Rodrigues, Celio Avelino, voit dans la demande du procureur une «extrême précaution» qui ne changera rien pour sa cliente. «Je vois ceci comme la conséquence de l'erreur première de la police, laquelle a d'abord affirmé catégoriquement qu'Amanda avait tué son mari pour conclure ensuite qu'elle ne l'avait pas fait. C'est cette seconde conclusion qui a éveillé les soupçons de la famille du boxeur, de la société en général et de la presse étrangère», a affirmé le criminaliste. La veuve du boxeur a passé 18 jours en prison avant d'être libérée.

De plus, les courriels trouvés dans l'ordinateur de sa cliente contiennent seulement des «conversations normales» qui ne changeront rien aux résultats de l'enquête, a dit Me Celio Avelino au journal brésilien Diario do Para.

Arturo «Thunder» Gatti, 37 ans, a été retrouvé mort le 11 juillet dernier dans une station balnéaire du nord-est du Brésil. Les résultats d'une seconde autopsie pratiquée à la demande de la famille Gatti en sol canadien ne sont pas attendus avant plusieurs mois.