Du temps où il assommait l'adversaire et collectionnait les ceintures victorieuses sur les rings américains, Arturo «Thunder» Gatti venait moins souvent à Montréal. «Il était tellement populaire aux États-Unis qu'on n'a pas été capable de le ramener ici plus de quelques fois, s'est souvenu lundi le promoteur Yvon Michel. On n'avait pas les moyens de l'avoir!»

Mais Arturo Gatti est revenu une dernière fois, ce matin, dans la ville où il a grandi. Ils étaient plusieurs centaines, membres de sa famille, personnalités du monde de la boxe et fans de l'ancien pugiliste, à venir lui rendre hommage. Au coeur de la Petite Italie, coin Dante et Henri-Julien, ils ont assisté à la cérémonie célébrée en italien, en français et en anglais à l'église Notre-Dame-de-la-Défense, dont les 800 places n'ont pas suffit à accueillir tous ceux qui étaient venus.

L'ancien arbitre Gerry Bolen a remis, au nom de la World Boxing Council (WBC), une ceinture honorifique dorée à la mère d'Arthuro Gatti, Ida Gatti. Le boxeur a été couronné champion du monde des super plumes de l'IBF entre 1995 et 1998, puis des super légers du WBC entre 2004 et 2005. «C'était un gars qui travaillait fort. Et quand il était dans l'arène, il faisait travailler tout le monde!»

L'ancien boxeur-vedette américain Mike Tyson a aussi fait parvenir une lettre à la famille. Dans son message, lu pendant la cérémonie, Tyson évoque la fierté qu'il a d'avoir connu le boxeur italo-canadien.

Tous n'avaient que des bons mots pour décrire l'homme, né le 15 avril 1972 en Italie et qui a grandi à Montréal-Nord. «Il emmenait beaucoup de chaleur et de lumière sur tout le monde», a dit Yvon Michel. Il s'enflamme quand il parle des combats spectaculaires qu'a livrés son ami. «Aux États-Unis, les commentateurs ont inventé le mot «gattiesque» pour décrire une performance phénoménale. C'est une bonne indication de sa valeur en tant qu'athlète.»

«Je l'ai vu combien de fois après ses combats, un oeil fermé, une main brisée, on lui disait d'ailler à l'hôpital et il répondait non, ce soir on fête et demain on ira réparer ça à l'hôpital!»

«Il n'en existera plus des comme ça. Aujourd'hui, la majorité de ses combats seraient arrêtés avant qu'il ait la chance de revenir.»

«Pour moi, c'est le plus grand champion de boxe que le Canada ait jamais eu», a dit l'ancien champion Vittorio Salvatore. «Il va me manquer énormément», a ajouté Ivano Scarpa, ami du boxeur. «On aurait voulu avoir une dernière chance de lui dire combien on l'aimait, combien on était fier de lui», a dit Jeremy Filosa.

Arthuro Gatti a été trouvé mort le 11 juillet dernier dans un appartement d'une station balnéaire du Brésil. Son épouse, Amanda Rodrigues, a été arrêtée mais aucune accusation n'a encore été portée contre elle. Un quotidien du Brésil a affirmé, en fin de semaine, que la thèse du suicide n'avait toujours pas été écartée. Selon la police, Gatti aurait été possiblement étranglé avec la courroie du sac à main de son épouse.

Quand le cercueil noir et doré d'Arturo Gatti est sorti de l'église, suivi par sa mère qui portait bien haut la ceinture de la WBC, la foule s'est mise à applaudir et à scander «Gatti! Gatti!».

Avant d'aller conduire la dépouille dans un cimetière lavallois, le boxeur Joachim Alcine a eu une pensée pour le bébé du défunt. «Il ne faut pas seulement regarder le sportif, mais aussi son fils qui va grandir sans son père, et peut-être sans sa mère. C'est ça qui me fait de la peine.»