A une certaine époque, pas si lointaine, Adrian Diaconu avait du feu dans les yeux quand il se retrouvait dans un ring. Comme Maurice Richard sur une patinoire.

Quand InterBox a commencé à présenter des galas au Centre Bell avec Lucian Bute comme tête d'affiche, c'était habituellement précédé d'une demi-finale mettant Diaconu en vedette. Ses combats avaient tout autant de saveur que ceux de son compatriote d'origine roumaine, pour différentes raisons. Autant Bute fascinait par ses habiletés et son intelligence, autant Diaconu impressionnait par sa force brute.

Mais ce feu dans les yeux qui faisait de lui un adversaire intimidant, il l'avait perdu ces derniers mois.

«Vous ne le voyiez plus parce que je ne me battais plus aussi souvent. Mais je vais l'avoir. Vous allez le voir à nouveau (vendredi)», promet Diaconu, en parlant de la première défense de son titre WBC des mi-lourds, qu'il accordera au Lavallois Jean Pascal au Centre Bell.

Voilà pourquoi certains pourraient penser que Pascal a été fort imprudent, ces derniers jours, en provoquant Diaconu avec ses envolées oratoires. Même si elles avaient avant tout un but promotionnel.

Car lorsque Diaconu a du feu dans les yeux, on a intérêt à ne pas se retrouver sur son chemin.

«Le mettre en colère à une semaine du combat, ça ne me dérange pas, dit Pascal. A un mois, ça m'aurait peut-être dérangé, mais pas à une semaine du combat. Il ne pourra pas se mettre plus en forme qu'il ne l'est déjà. Il ne peut pas s'entraîner plus fort parce que là, il est dans sa phase de récupération.»

Comme un taureau

Mais mettre le champion en colère, voilà peut-être justement là la stratégie du clan Pascal. Plus Diaconu sera comme un taureau fou dans le ring, plus il risquera de commettre des erreurs. Ce qui donnerait une chance à Pascal de trouver l'ouverture et de le pincer. Ou, encore, amènerait Diaconu à s'épuiser avant la fin des 12 rounds.

«Je me suis préparé pour le meilleur Diaconu de sa vie, dit Pascal. Qu'il manque de gaz ou ne manque pas de gaz, je vais avoir le même plan de match. S'il manque de gaz, tant pis pour lui. Et s'il ne manque pas de gaz, on va avoir tout un combat.»

«C'est sûr que si (Diaconu) nous montre des signes de fatigue, on l'envoie aux douches directement, affirme l'entraîneur de Pascal, Marc Ramsay. S'il faut se rendre à la décision des juges, Jean est prêt à faire beaucoup de rounds à très haute intensité, aucun problème.»

Le travail de Pierre Bouchard, l'entraîneur de Diaconu, sera d'utiliser le feu sacré de son poulain à bon escient. Il devra s'assurer que cet attribut reste une qualité et ne se transforme pas en défaut.

«On y va avec l'équilibre entre la tête et le coeur, souligne Bouchard. Mais le feu est tout le temps là. C'est à moi d'essayer de l'éteindre juste assez pour qu'il garde sa concentration.

«Mais c'est certain que le feu est là. Et il peut s'allumer comme ça, ajoute Bouchard en claquant des doigts. Je ferai pas de cachettes, tout le monde connaît Adrian. Il va sortir fort. Il va essayer de le mettre K.-O.. Mais je vais lui dire de rester calme, il va revenir à sa place et on va avoir un combat excitant.

«On va amener toutes les qualités à la table, promet Diaconu. L'intelligence, la vitesse, tout. Le jour du combat, je vais laisser remonter à la surface mes 21 ans d'expérience en boxe. Je vais tout donner dans ce combat.»

Pas un faire-valoir

Diaconu est le champion, mais le clan Pascal ne compte pas se contenter du rôle de faire-valoir.

«On compte dicter le tempo du combat, précise Ramsay. On ne laissera pas Adrian décider s'il va mettre de la pression ou pas.»

A l'instar de Diaconu, Pascal ne cherchera pas le K.-O. à tout prix. Mais il cherchera la mise hors de combat. Pas question de viser une simple victoire par décision contre le dur cogneur qu'est le Montréalais d'origine roumaine. Il s'estime lui aussi en mesure de donner le coup fatal.

«Je veux faire plaisir à la foule, dit Pascal. J'y vais pour le K.-O.. Si le K.-O. arrive, parfait. S'il n'arrive pas, je vais quand même donner mon 110 pour cent pour donner un bon spectacle, pour boxer à la hauteur de mon talent.»