Si on accordait la ceinture de champion au boxeur le plus habile avec les mots, Jean Pascal serait déjà champion, quatre jours avant le combat pour le titre WBC des mi-lourds qui l'attend contre Adrian Diaconu.

Mais ce dernier sait fort bien que s'il doit se faire arracher sa ceinture, ça se décidera dans le ring et nulle part ailleurs.

Pascal a fait les déclarations les plus spectaculaires, lundi, lors du point de presse ayant pour but de mousser le méga-combat de vendredi au Centre Bell. Rien d'étonnant quand on connaît le boxeur lavallois.

Lundi, Pascal a dit avoir du respect pour Diaconu, louangeant sa décision de l'affronter au lieu d'y aller avec un combat de routine pour sa première défense optionnelle. Mais ces compliments n'avaient pour but que de préparer la mise en scène qu'il avait préparée.

«Il a accepté un combat difficile, où les chances sont de 50-50. C'est pour ça que j'ai beaucoup de respect pour Adrian, a-t-il dit. Même si on va s'affronter vendredi, je trouve que c'est un gars sympathique, un gars que j'adore.»

«...Que j'adore tellement, a poursuivi Pascal en adoptant un ton plus ironique, que je lui ai apporté un petit cadeau de la Floride.

«Vous voulez savoir c'est quoi le cadeau?», a-t-il lancé à la foule.

«C'est une dent de requin que j'ai rapportée directement de la Floride, a expliqué Pascal, en faisant allusion au surnom de Diaconu, The Shark (le requin). Et, vendredi soir, je vais toutes les lui enlever.»

Il a toutefois fallu que Pascal ouvre lui-même le cadeau, puisque Diaconu a refusé de le faire.

«Jean, c'est du sérieux ici. C'est de la boxe professionnelle. Ce n'est pas une émission télé comme Star Académie», a répondu Diaconu en repoussant la petite boîte que Pascal avait déposée devant lui.

«Après le combat, nous pourrons aller magasiner pour n'importe quel cadeau que tu veux, que tu voudras offrir à qui tu veux. Mais après le combat. Maintenant, il faut s'en tenir à la boxe. C'est une question de coups de poing, de travail acharné, ce n'est pas... Je ne peux accepter de cadeau de ta part en ce moment.»

«Adrian, je t'aime et je te respecte. Mais je sais que je vais gagner, que je vais te botter le derrière», a rétorqué Pascal.

«Je n'aime pas parler des choses, je m'efforce plutôt de faire bouger les choses, a indiqué Diaconu à son tour au micro. J'ai travaillé fort pour ma ceinture et je vais faire la même chose pour la conserver. Je pourrais parler pendant une demi-heure, mais à mes yeux, les mots ne valent pas cher.

«Si j'ai quelque chose à te dire ou à te montrer, a ajouté Diaconu en s'adressant à Pascal, je vais le faire pendant le combat. Je veux que les gens m'aiment pour ce que je fais dans un ring, pas pour ce que je dis.»

Comme un rappeur

Pascal, contrairement aux autres invités d'honneur, a préféré faire son allocution debout, micro à la main, ce qui lui donnait le loisir de se déplacer sur la scène. Occupant celle-ci à moitié comme un rappeur, à moitié comme un prédicateur, il invitait les gens dans l'assistance à répondre à ses questions... des questions dont il savait déjà la réponse.

«Présentement, nous avons ici deux boxeurs, pas vrai? Nous avons un champion et un aspirant. Mais dites-moi, qui ressemble au champion aujourd'hui et qui ressemble à l'aspirant?, a-t-il lancé en étendant le bras, comme pour montrer que la réponse était plus qu'évidente... c'était lui qui avait les allures d'un champion.

«C'est pour ça que je suis revenu au Québec (d'un camp en Floride), cette semaine... C'est pour mon couronnement.»

Ce à quoi Diaconu a rétorqué, à son tour au micro, que Pascal avait plus l'air, justement, d'une vedette de rap que d'un aspirant.

Tout juste avant, Pascal avait commencé son boniment en prenant une profonde et théâtrale respiration.

«Je me sens tellement bien. Je suis tellement content d'être revenu, de sentir l'air pur du Québec, a dit Pascal.

Ça fait cinq semaines que je suis parti, ç'a été un camp ardu, je n'ai tourné aucun coin rond. C'est pour ça que je suis souriant devant vous ce matin, que je ne fais pas la baboune.

«Si je suis aussi confiant, c'est ce que je sais que j'ai fait tout ce que je devais faire pour être champion.»

Fidèle à lui-même

«C'est vrai que j'ai beaucoup parlé, mais je ne parle pas pour me donner confiance, je parle parce que j'ai confiance, a affirmé Pascal après sa performance oratoire. Vous me connaissez, je parle depuis le début de ma carrière. Et on sait que je peux donner du poids à mes paroles. Je l'ai prouvé contre Carl Froch.

«(Diaconu) dit qu'il veut s'en tenir aux affaires et régler ses affaires sur le ring. OK, je suis d'accord. On va régler ça vendredi», a ajouté l'aspirant.