Le monde de la boxe n'est plus à une anomalie près: le titre WBA des lourds est détenu conjointement par l'Ouzbek Ruslan Chagaev et le Russe Nikolay Valuev, qui s'affrontent samedi à Helsinki pour redonner de la crédibilité à une catégorie-reine au lustre aujourd'hui terni.

Depuis qu'il lui a infligé sa seule défaite le 14 avril 2007, Valuev est obnubilé par Chagaev, un «gringalet» de 1,85 m pour 120 kilos qu'il domine de 28 cm et 30 kg.

Mais le chemin qui a mené le géant russe à cette revanche a été long, émaillé de contre-temps et d'épisodes rocambolesques.

Longtemps malade, Chagaev (24 victoires, un nul) devait affronter Valuev en juin 2008, mais l'Ouzbek surnommé le «Tyson blanc» s'est blessé à l'entraînement (rupture du tendon d'Achille du pied gauche) une semaine avant le combat.

En son absence et pendant que la WBA inventait pour lui le titre de «champion au repos», Valuev (50 victoires, une défaite) était sacré champion de la catégorie en battant l'Américain John Ruiz en août.

Depuis, les deux boxeurs s'invectivent et se dénigrent.

Ils vont pouvoir régler leurs comptes à Helsinki où sont attendus des milliers de supporteurs russes venus de Saint-Petersbourg, la ville de Valuev.

Pêche et poésie

«J'ai beaucoup progressé depuis notre premier combat et il n'y a aucun doute pour moi que je sortirai vainqueur de ce combat», a prévenu la «montagne russe».

Depuis sa défaite, Valuev, passionné de pêche à la ligne et de poésie, a effectivement changé d'entraîneur et de méthodes de préparation, mais sa boxe reste rudimentaire et soporifique.

Il a bien remporté les quatre combats depuis sa défaite contre Chagaev, mais à chaque fois face à des seconds couteaux sans jamais faire la différence lors des douze rounds.

Pire, sa très controversée victoire contre l'Américain Evander Holyfield, 46 ans, a fait l'objet d'une enquête interne de la WBA.

S'il est encore moins charismatique que son adversaire, Chagaev a les faveurs des puristes: «Je suis le vrai champion et je vais le prouver», a assuré l'Ouzbek qui, pour s'habituer à la taille de Valuev, s'est trouvé quatre sparring-partners dépassant les 2 m, dont un surnommé «Kilimandjaro».

Ce duel va sans doute clarifier la situation pour la WBA, mais ne restera qu'un hors d'oeuvre à quatre semaines du choc très attendu entre l'Ukrainien Vladimir Klitschko, champion IBF et WBO, et le Britannique David Haye, qui devrait désigner le vrai patron de la catégorie.