Quand un champion de boxe choisit un adversaire en vue d'une défense optionnelle, c'est qu'il estime pouvoir le battre sans trop de problème. C'est pourquoi Humberto Soto a invité Benoit Gaudet à l'affronter lors du gala de ce samedi, à Las Vegas, en demi-finale du duel fort attendu entre Ricky Hatton et Manny Pacquiao.

Sauf que le boxeur de Drummondville n'entend pas servir de faire-valoir au Mexicain, détenteur de la ceinture WBC chez les super-plumes.

«Mon but, c'est de gagner», a déclaré Gaudet, mardi, au gymnase d'InterBox du Complexe sportif Claude-Robillard, à la veille de son départ pour Las Vegas. «Je vais là-bas pour créer la surprise, pour montrer qu'en m'accordant cette chance, ils n'ont pas fait le «bon» choix.»

Stéphan Larouche, l'entraîneur de Gaudet, estime que son poulain pourrait l'emporter s'il dispute «le combat de sa vie».

«Soto a déjà perdu, il est déjà allé au tapis, alors il a l'avantage au niveau de l'expérience, a reconnu Larouche. Mais si (Gaudet) fait le combat de sa vie, il a des chances.

«Benoit devra y aller une minute à la fois, un round à la fois, a ajouté celui qui dirige également Lucian Bute, champion IBF des super-moyens. Et ne pas faire comme il a parfois eu tendance à le faire dans le passé, c'est-à-dire «débarquer» de son plan de match. Il doit y aller avec la mentalité que ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini.

«Il ne faudra pas voir le Benoit Gaudet statique, celui qui ne bouge pas la tête. Il devra être à son meilleur, c'est sa seule chance.»

Gaudet (20-1-0, 7 K.-O.) estime qu'il aura un certain avantage face à Soto (47-7-2, 30 K.-O.), ayant déjà affronté une pléiade de boxeurs mexicains depuis le début de sa carrière dans les rangs professionnels, amorcée en 2005. Selon lui, les Mexicains ont sensiblement tous le même style de base dans le ring.

«Ça me sécurise, parce que je suis à l'aise avec ce style de boxe. Soto est un peu comme les autres (Mexicains), sauf qu'il est un peu meilleur, a avancé Gaudet. Mais je suis prêt à ça. Je suis plus rapide, plus mobile, et je vais pouvoir utiliser mon style naturel.

«On s'est préparé en fonction des forces de Soto. Sans être facile, c'est un boxeur prévisible, a estimé le boxeur de Drummondville. On sait généralement de quel côté les coups vont venir. Sauf que ce qu'il fait, il le fait très bien, alors il va falloir rester alerte du premier au dernier round, prévoir ses coups et profiter de ses erreurs.

«Il va probablement essayer de me descendre le plus vite possible. Mon but, ce sera de rester debout le plus longtemps possible. Je devrai surtout surveiller son crochet du gauche au corps, et sa droite, qu'il envoie 'par-dessus'.»

La magie de Vegas

Gaudet se retrouvera à Las Vegas, capitale de la boxe... et de bien d'autres choses. Il entend savourer l'expérience, sans se laisser distraire par l'atmosphère de carnaval qu'il y retrouvera.

«Ça va être gros et impressionnant, mais je vais quand même rester concentré sur la tâche à accomplir. Ça va juste être le 'fun' de voir en personne ce qu'on voit à la télé - sans plus.

«Je suis un peu 'bonhomme' à ce niveau-là, a reconnu le Québécois de 29 ans. Je vais probablement passer beaucoup de temps dans ma chambre.»

«Il y a une différence entre s'émerveiller et être impressionné, a souligné Larouche. Benoit a beaucoup de maturité, il est très terre à terre. Il va pouvoir prendre le temps de s'émerveiller au début, puis après il va passer à autre chose.

«Je lui ai dit que lorsqu'il va se retrouver dans le ring, il va avoir l'impression que le tapis est quatre pouces d'épais tellement il est mou, a ajouté Larouche. Mais à part ça, c'est comme à Montréal ou ailleurs. Un combat de boxe, ça reste toujours un combat de boxe.»

Gaudet sait fort bien ce que représente un combat de championnat du monde comme opportunité, mais il n'est pas nerveux pour autant.

«Ça fait 20 ans que je fais de la boxe, je suis à l'aise avec ce que je fais de bon et ce que je fais de moins bon, a-t-il dit. Je n'y vais pas avec la crainte de décevoir les gens.»

«(Gaudet) a tout à gagner, a estimé Larouche. Même dans la défaite - à la condition que ce soit de façon honorable - il pourrait s'ouvrir des portes.»